La réforme prévue l'an prochain par Gérald Darmanin prévoit de fusionner les services de la police judiciaire (PJ) avec ceux de la sécurité publique. 1:48
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Florin Hossu, édité par Laura Laplaud
Le projet de réforme de la Police nationale, porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, prévoyant de décentraliser la police judiciaire, suscite une vague d’inquiétudes chez les fonctionnaires notamment chez les membres de ce service. Le projet est déjà testé depuis plusieurs mois dans des territoires "tests" dont la Martinique.

Quel avenir pour la police judiciaire ? La réforme prévue l'an prochain par Gérald Darmanin prévoit de fusionner les services de la police judiciaire (PJ) avec ceux de la sécurité publique. Une réorganisation qui est déjà mise en place depuis plusieurs mois dans des territoires tests, dont la Martinique. Les enquêteurs judiciaires sont logés à la même enseigne que ceux qui luttent contre le trafic de drogue ou ceux qui contrôlent les frontières. Ils sont tous réunis au sein d'une même entité, la DTPN, la direction territoriale de la police nationale. Neuf mois après sa mise en place, cette fusion des équipes ne fait pas l'unanimité.

Une perte d'efficacité dans les enquêtes ?

Pour la procureure de Fort-de-France, Clarisse Taron, il s'agit clairement d'une perte d'efficacité dans certaines enquêtes. "Un meurtre est commis un vendredi après-midi à Fort-de-France, la personne qui est la plus gradée sur place peut être quelqu'un de la police aux frontières", explique-t-elle.

"Nous avons eu le cas à deux reprises, le fonctionnaire de police qui est censé diriger le dispositif est quelqu'un qui n'a aucune expérience du judiciaire", regrette-t-elle.

Le sentiment est plus mitigé du côté des syndicats de police. "On peut mutualiser les forces, on peut mutualiser le matériel, ça c'est l'avancée. Mais par contre, le DTPN a un pouvoir qui peut lui permettre de prendre un effectif à droite et à gauche pour boucher un trou à droite et à gauche aussi", prévient Louisy Berté, représentant Alliance Police Nationale.

Gérald Darmanin se dit prêt à évoquer des amendements

Avoir un interlocuteur unique au sein de la police est pourtant une excellente avancée pour Steeve Moreau, élu en charge de la sécurité à la ville de Fort-de-France. "Nous avons les réponses sur tous les sujets, que ce soit sur le stup, sur des questions opérationnelles, sur des fermetures administratives y compris sur des établissements. Donc nous gagnons du temps et nous levons, bien entendu, tous les points de blocage dans ces réunions-là."

Outre la Martinique, ce dispositif est aussi testé en Guadeloupe, en Savoie et dans les Pyrénées-Orientales. Gérald Darmanin, qui a reçu les responsables de la Police nationale la semaine dernière, s'est dit prêt à évoquer des amendements sur ce projet.