Réforme de la fonction publique : "Le Pen a lancé une tentative de manipulation très grave", accuse Montchalin

Amélie de Montchalin
Amélie de Montchalin était l'invitée d'Europe 1, mercredi. © Europe 1
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Pauline Rouquette , modifié à
Invitée d'Europe 1, mercredi, la Ministre de la Fonction Publique, Amélie de Montchalin, est revenue sur la lettre écrite par Marine Le Pen aux préfets pour les assurer de son opposition à la réforme de la fonction publique engagée par l'exécutif, l'accusant de "manipulation très grave" et de "récupération politique".
INTERVIEW

"Marine Le Pen a lancé une tentative de récupération et de manipulation très grave en écrivant une lettre qu’elle a tenu secrète", accuse Amélie de Montchalin, interrogée sur la réforme de la fonction publique et la suppression du corps préfectoral. Invitée d'Europe 1, mercredi, la Ministre de la Fonction Publique a évoqué la lettre écrite aux préfets par la présidente du Rassemblement national, précisant : "C'est moi qui l’ai rendue publique parce que j’ai trouvé que ce qui s’y passait là, ce sont les vieilles ficelles de l’extrême droite qui essaie de récupérer les préfets, les policiers..."

"On ne les manipule pas, on ne les récupère pas"

Après l'annonce, début mai, par Jean Castex, de la suppression du corps préfectoral, Marine Le Pen avait en effet envoyé une lettre de deux pages - signée en tant que Députée du Pas-de-Calais - à tous les préfets en poste territorial afin de les assurer de son opposition à la réforme de la fonction publique voulue par Emmanuel Macron.

"On n’écrit pas à nos fonctionnaires pour les récupérer politiquement", tance Amélie de Montchalin, expliquant avoir elle-même rendu cette lettre publique. "Ces hommes et ces femmes appartiennent à l’État, aux Français, ils ont une loyauté au pouvoir démocratiquement élu", poursuit-elle."On ne les manipule pas, on ne les récupère pas."

"Déstabilisation profonde et interne de notre État"

Dans sa lettre, Marine Le Pen, qui estime que "le gouvernement va concourir à accélérer le processus de délitement de l'ensemble de la fonction publique", écrivait partager "l’inquiétude, souvent muette, mais douloureuse, de tous ceux qui sont habités par le 'sens de l’État' et qui constatent l’affaissement des moyens, de la considération et, partant, de l’autorité de l’État."

Amélie de Montchalin dénonce le fait que cette lettre ait été envoyée secrètement, la qualifiant d'"œuvre de recrutement, de déstabilisation profonde et interne de notre État".

Début mai, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé la suppression du corps préfectoral dans le cadre de la transformation de la fonction publique voulue par Emmanuel Macron, qui vise notamment à introduire plus de mobilité au sein des grands commis de l’État. La fonction de préfet va perdurer, mais le gouvernement considère que le métier "s'acquiert au travers de l'expérience acquise sur le terrain". Une réforme largement critiquée, à droite comme à gauche.