Référendum en Nouvelle-Calédonie : oui ou non, quelles conséquences ?

Le référendum de dimanche en Nouvelle-Calédonie doit permettre aux habitants du Caillou de choisir s'ils veulent ou non prendre leur indépendance.
Le référendum de dimanche en Nouvelle-Calédonie doit permettre aux habitants du Caillou de choisir s'ils veulent ou non prendre leur indépendance. © Lionel BONAVENTURE / AFP
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La Nouvelle-Calédonie vote dimanche pour décider de son destin. Si l'indépendance l'emporte, il faudra se pencher sur un processus de transition. Si c'est non, deux autres référendums sont déjà à l'ordre du jour

Plus de 174.000 Néo-Calédoniens sont appelés aux urnes, dimanche, pour répondre à une question a priori simple : "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?" Deux scénarios se dessinent ensuite. En cas de victoire du "oui", un processus de transition devra permettre au Caillou de sortir du giron français. Dans le cas contraire, l'accord de Nouméa de 1998 prévoit l'organisation d'une ou deux autres consultations, en 2020 puis en 2022.

En cas de victoire du "oui", une indépendance à construire

Ce n'est pas le scénario privilégié par les enquêtes d'opinion, mais c'est bien l'une des deux issues possibles du vote de dimanche : la Nouvelle-Calédonie pourrait dire oui à l'indépendance. Dans ce cas-là, le Caillou deviendra la "Kanaky-Nouvelle-Calédonie" et quittera le giron de la France.

Mais tout reste encore à préciser, notamment la durée d'une période de transition qui ne manquera pas d'être instaurée pour préparer l'île à son indépendance. D'autres questions, comme celle de la double-nationalité ou du rôle exact de la France après l'indépendance, se poseront avec acuité. Car comme l'explique à France Culture Benoît Trépied, chargé de recherche au CNRS et membre du centre de recherche et de documentation sur l'Océanie, "les indépendantistes demandent l'indépendance avec un statut d'État associé : être indépendant tout en confiant certaines de ses compétences à un autre État". La France pourrait jouer ce rôle si la Nouvelle-Calédonie indépendante estime, par exemple, qu'elle n'a pas de moyen à consacrer à son armée et veut donc se placer sous sa protection. "Pour sortir de la colonisation française par le haut, un accord de partenariat est une nécessité politique et une perspective logique", écrit l'Union nationale pour l'indépendance (UNI) dans un document de réflexion sur l'avenir politique et institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. "Dès 2018 et durant la phase de transition, une évaluation des domaines qui nécessitent une coopération particulière ou privilégiée avec la France sera effectuée."

 

La jeune Kanaky-Nouvelle-Calédonie devra également se poser la question de sa viabilité économique, grande inconnue et argument souvent soulevé par les anti-indépendance pour justifier leur choix. Chaque année, la métropole investit plus d'1,3 milliard d'euros pour le Caillou. Pour s'en passer, les indépendantistes misent sur la principale ressource de l'île, le nickel. "Le grand projet économique des Kanaks, c'est d'utiliser le nickel pour financer l'indépendance", poursuit Benoît Trépied sur France Culture. "Ils ont réussi à créer la plus grande usine métallurgique du monde, contrôlée par les Kanaks. Cela a permis de créer de l'emploi dans la région."

En cas de victoire du "non", deux nouveaux référendums

C'est ce qui apparaît aujourd'hui le plus probable : la Nouvelle-Calédonie devrait rejeter l'indépendance. Mais le débat sera-t-il clôt pour autant ? Pas du tout. D'abord parce que l'accord de Nouméa prévoit un, voire deux autres référendums, en 2020 puis en 2022 si la réponse est de nouveau négative.

Ensuite, parce qu'un refus d'indépendance ne rime pas avec un statu quo. "On ne pourra pas rester immobile après le référendum", estime ainsi Philippe Gomès, député calédonien anti-indépendantiste, dans les colonnes du Monde. "Il nous faut sortir de cette nasse de l'accord de Nouméa, avoir l'intelligence nécessaire pour construire une nouvelle organisation politique qui préserve la possibilité d'exercer le droit à l'autodétermination." Même si le non l'emporte, il va falloir réfléchir à faire évoluer le statut de la Nouvelle-Calédonie pour trouver un compromis satisfaisant pour les deux camps, loyaliste et indépendantiste. La formule juridique devra garantir une large autonomie à l'île et préserver la paix. Ce qui suppose de trouver des solutions aux problèmes prégnants sur le Caillou aujourd'hui, notamment les fortes inégalités économiques entre communauté kanak et Européens.

 "Les signataires [de l'accord de Nouméa] devront se parler pour construire la suite", a prévenu Edouard Philippe en juillet dernier. "Pour faire en sorte qu'au-delà de ce moment binaire où certains diront oui et d'autres non, la Nouvelle-Calédonie puisse construire l'avenir avec un peuple qui souhaite, au fond, vivre et vivre en paix sur le Caillou."