Christiane Taubira 2:21
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avec AFP , modifié à
Lors d'un déplacement à Lyon, l'ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle. Elle a déclaré vouloir notamment convoquer une "conférence sur les salaires" et défendre un gouvernement "qui sache dialoguer au lieu de moraliser et de caporaliser".

Elle avait promis de clarifier sa position à la mi-janvier : Christiane Taubira a officialisé samedi sa candidature l'élection présidentielle samedi, avec pour objectif ambitieux de rassembler une gauche plus que jamais divisée, au risque pourtant de la morceler encore davantage. "La pandémie a révélé une souffrance sociale qui a frappé toutes les générations", a déclaré l'ex-ministre et ex-candidate la présidentielle de 2002 lors d'un rassemblement militant pour l'union de la gauche, dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, choix symbolique en clin d'œil aux Canuts, les anciens ouvriers de ce quartier de la soie.

Répondre "aux colères" face aux "injustices sociales"

 

Elle a affirmé vouloir répondre "aux colères" face aux "injustices sociales", précisant entendre notamment convoquer une "conférence sur les salaires" avec un programme qui repose sur la défense de la jeunesse, la justice sociale ou encore l'écologie. "Je veux un gouvernement qui sache dialoguer au lieu de moraliser et de caporaliser", a-t-elle cinglé, en allusion à la polémique sur les propos du président Emmanuel Macron qui a dit vouloir "emmerder les non-vaccinés" contre le Covid-19.

 

Sa déclaration intervient dans un week-end politique bien rempli : sa rivale Anne Hidalgo non loin à Villeurbanne, Valérie Pécresse en Grèce sur le contrôle des migrants, vidéo de Marine Le Pen au Louvre, Eric Zemmour à Château-Thierry ou encore Jean-Luc Mélenchon à Nantes. L'ex-garde des Sceaux de François Hollande, connue notamment pour la loi reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité et son combat pour l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, met ainsi un terme à l'attente qu'elle avait suscité chez une partie des électeurs de gauche le 17 décembre, en annonçant "envisager" d'être candidate, face à "l'impasse" d'une gauche fragmentée.

 

A moins de trois mois de la présidentielle, peut-elle réussir à faire l'union qui a jusque-là échoué, alors que certains socialistes la regardent encore comme ayant contribué par sa candidature à l'éviction de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle de 2002 ? Elle n'avait alors recueilli que 2,32% des suffrages. Son entrée dans l'arène il y a un mois n'a pas suscité pour l'instant de percée dans les intentions de vote, malgré la ferveur populaire dont elle bénéficie sur le terrain.

 

Et sa candidature "ajoute de la confusion à la division" selon ses détracteurs, alors que cinq autres candidats sont déjà en lice, sans réussir à s'imposer : l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, l'écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo, le communiste Fabien Roussel et le chantre de la "Remontada" de la France Arnaud Montebourg, proche de l'abandon. Christiane Taubira a promis de se soumettre à l'initiative citoyenne de la primaire populaire, une "investiture" par des électeurs de gauche -déjà 120.000 inscrits pour voter-, quel que soit le résultat.

 

Même si ses soutiens font mine de croire que rien n'est gagné, elle part favorite de cette consultation, d'autant que les autres candidats de gauche dont les noms seront aussi proposés à ce scrutin, ont tous refusé de s'y soumettre.

 

"Réalisateurs connus"

 

Même Anne Hidalgo, en grande difficulté dans les sondages, qui plaidait pour une primaire à gauche, a finalement renoncé, constatant le refus de ses concurrents, et notamment de Yannick Jadot, d'accepter cette démarche. L'ex-frondeur PS Christian Paul, qui fait campagne à ses côtés, fait, lui, "le pari" qu'au mois de février, "si le potentiel d'enthousiasme se traduit en intention de vote" dans les sondages, "plusieurs candidats tireront les conséquences du résultat de la primaire".

 

Déjà confortée par le soutien des plus de 80 comités qui portent son nom et créés bien avant qu'elle ne se lance dans la bataille, Christiane Taubira voit arriver "tous les jours des personnes qui se manifestent pour participer", dont "des réalisateurs connus", explique une proche. Elle n'a "pas d'inquiétude" non plus sur les parrainages, assure son entourage. "Un certains nombre d'élus de gauche, au-delà du PRG, soutiennent sa démarche", dit-on.

 

La candidate guyanaise a déjà réussi à convaincre la présidente PS de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay. Et le maire PS de Marseille, Benoît Payan, a annoncé qu'il soutiendrait le vainqueur de la primaire populaire. Mais "il n'y a pas de duel", ni de "compte à régler" avec la candidate socialiste Anne Hidalgo, assurent les proches de Christiane Taubira. Christiane Taubira, invitée du 20h de France 2, présentera plus tard son programme, qui contiendra "des surprises et des idées neuves", mais "sans être un catalogue La Redoute ou Ikéa de 1.000 propositions".