Présidentielle : abstention et vote blanc, les risques du second tour

La présence du Front national au second tour de l'élection présidentielle n'est pas "un choc" pour les Français
La présence du Front national au second tour de l'élection présidentielle n'est pas "un choc" pour les Français © TENGKU Bahar / AFP
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Sébastien Krebs, édité par M.R.
Sentiment que tout est joué, pont du 8 mai, présence habituelle du Front national à un scrutin... Autant d'éléments qui pourraient conduire à un taux d'abstention record pour le deuxième tour de l'élection présidentielle.

Les sondages en vue du second tour sont unanimes et donnent une large avance à Emmanuel Macron, 60% des voix contre 40% à Marine Le Pen, selon l'Ifop. Mais l'élection est-elle pour autant déjà jouée ? L'entre-deux-tours peut réserver des surprises et surtout la participation pourrait reculer et favoriser Marine Le Pen. Faut-il craindre une démobilisation des électeurs ? Rien à voir avec 2002, où la présence au second tour de Jean-Marie Le Pen avait provoqué une ruée vers les urnes pour lui faire barrage.

Pas de séisme pour 2017. Le 21 avril 2002 fut un électrochoc. Au lendemain du scrutin, la France avait été secouée par de grandes manifestations. Quinze jours plus tard, trois millions d'électeurs supplémentaires se sont rendus dans les bureaux de vote, soit dix points de participation en plus.

Mais cette fois-ci, pas de séisme. La présence du Front national, rendue presque habituelle par les scrutins précédents, pourrait même pousser les électeurs au comportement inverse. Ils pourraient refuser de choisir, ne pas prendre la peine de se déplacer, avec en facteurs aggravants le pont du 8 mai, et le sentiment que les jeux sont faits et que le résultat est attendu.

De futurs abstentionnistes. Chez les sondeurs, les premières études montrent déjà qu'une part des électeurs qui a choisi François Fillon ou Jean-Luc Mélenchon au premier tour a bien l'intention de s'abstenir. "À peu près un tiers de chacun de ces deux électorats du premier tour déclare avoir l'intention de ne pas aller voter, tout comme on a une personne sur cinq qui a voté pour Benoît Hamon et qui déclare ne pas vouloir choisir", détaille Jean-Daniel Lévy chez Harris Interactive. "On n'est pas du tout dans la même situation qu'en 2002. On n'a pas de choc."

Le vote blanc, troisième force du deuxième tour.Le vote blanc pourrait aussi atteindre des records et dépasser le chiffre de deux millions atteint il y a cinq ans. Un refus de choisir qui profiterait mécaniquement au Front national. En 2002, Jean-Marie Le Pen avait gagné à peu près un point entre les deux tours. Sa fille, elle, pourrait presque doubler son score cette fois-ci.