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Chloé Triomphe, édité par Margaux Baralon
À partir de mardi, sept personnalités et trois personnes morales, dont le Rassemblement national, sont en procès pour un vaste système d'escroquerie présumée. Lors des législatives de 2012, le parti, à l'époque Front national, aurait récupéré de grosses sommes d'argent grâce à des kits de campagne surfacturés.

Elles sont soupçonnées d'escroquerie, tentative d'escroquerie, abus et recel d'abus de bien sociaux. Sept personnes et trois personnes morales, dont l'ex-Front National devenu depuis le Rassemblement national, comparaissent devant la justice à partir de mardi, et jusqu'à la fin du mois. Au cœur des soupçons de cette affaire "Jeanne", du nom du micro-parti créé par Marine Le Pen en 2010, on trouve du matériel de campagne et des intermédiaires proches de l'ancienne candidate à la présidentielle.

Un kit de campagne obligatoire à 16.650 euros

Pour comprendre, il faut revenir aux élections législatives de 2012. À l'époque, les 525 candidats qui se présentent sous l'étiquette Front national n'ont pas le choix : pour que leur investiture soit validée, ils doivent signer un bon de commande pour un kit de campagne d'un montant de 16.650 euros. Ce fameux kit comprend des affiches, des cartes postales avec leurs photos, des journaux de campagne, un site internet et des tracts.

Evidemment, tous les candidats ne peuvent financer ce kit. Ils ont donc fait appel à Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen, qui leur a fait des prêts avec des taux d'intérêt faramineux, bien supérieurs à ceux généralement pratiqués par les banques. Mais selon les juges d'instruction, ce montage aurait surtout permis au Front national de récupérer de grosses sommes d'argent. Le kit est en effet fourni par Riwal, une société de communication dirigée par Frédéric Chatillon, ami de longue date de Marine Le Pen. Et son coût aurait été surfacturé de près de 80%.

Un mécanisme original mais légal, selon la défense

Pour les magistrats, cela ne fait donc aucun doute : ces "aller-retour comptables" visaient à se faire indûment rembourser des montants colossaux par l'État dans le cadre du financement des campagnes électorales. De fait, les dépenses de campagne de tous les candidats dépassant 5% des voix sont remboursées. 

La défense, de son côté, argue que ce mécanisme comptable est certes original, mais légal. Et qu'il a surtout permis de pallier les difficultés récurrentes de financement du parti d'extrême droite, qui avance à chaque élection qu'aucune banque ne veut bien lui prêter d'argent. Enfin, elle entend démontrer que les tarifs de Riwal ne s'éloignent pas de ceux pratiqués par d'autres partis.