Jean-Michel Blanquer invité d'Europe 1. 7:11
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Gauthier Delomez , modifié à
Pour justifier son combat contre le wokisme, qu'il considère être un "obscurantisme", le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer déclare sur Europe 1 qu'il faut "regarder ce qui vient saper la démocratie et la République, et le wokisme est clairement cela".
INTERVIEW

La lutte contre le wokisme fait partie des priorités de Jean-Michel Blanquer. Le ministre de l'Éducation nationale a signé, avec son homologue québécois, une tribune pour affirmer que la lutte contre le wokisme, présenté comme un "nouvel obscurantisme", est un engagement central de sa politique. "Certaines idéologies fragmentent les sociétés, singulièrement les sociétés occidentales, républicaines et démocratiques comme la nôtre. Il faut savoir regarder ce qui vient saper la démocratie et saper la République. Le wokisme est clairement cela", explique Jean-Michel Blanquer sur Europe 1.

Le wokisme "prépare la démarche vers le totalitarisme"

Le "wokisme", terme venant des Etats-Unis et désignant un mouvement faisant de la lutte contre les oppressions vécues par les minorités une priorité, n'a pas bonne presse ces derniers jours. Alors que le philosophe Alain Finkelkraut dénonce un "retour de l'idéologie", Jean-Michel Blanquer justifie qu'il s'agit d'un "obscurantisme" par plusieurs raisons. "Il y a un rapport à l'histoire qui est totalement délétère. Casser les statues, faire le procès de tous les personnages historiques en évitant aucun anachronisme est d'abord une démarche absurde sur le plan historiographique, et très dangereuse sur ce que cela signifie. C'est l'abolition du passé", détaille le ministre.

Jean-Michel Blanquer rapporte ce phénomène à ce qu'on voit "dans George Orwell. Ce sont des choses qui préparent toujours la démarche vers le totalitarisme (...). La vie publique est commandée par ces idées. Elles ont énormément progressé depuis une bonne vingtaine d'années et elles ont un impact sur la vie quotidienne. Elles rendent les gens malheureux, tout simplement", affirme-t-il. Les programmes scolaires renforceraient-ils le phénomène ? Le ministre se montre catégorique : "Je ne crois pas. Notre histoire est fondée sur la recherche de qui s'est passé pour de vrai sur le plan historique, elle n'est pas faite de jugements de valeur".

Pas de remise en cause des élèves transgenres

Cet engagement contre le wokisme ne vient pas contredire la circulaire pour les élèves transgenres, publiée début octobre, assure Jean-Michel Blanquer. "Il faut bien lire le texte. J'explique bien que la vision, c'est celle de l'égalité des droits entre tous et pas la course à la victimisation ou aux identités diverses et variées", affirme-t-il. "La circulaire est faite pour protéger les enfants (...). Elle réaffirme l'autorité parentale. Elle protège contre tout ce qui pourrait être irréversible, c'est-à-dire les opérations chirurgicales, les choses chimiques, etc. C'est justement cela que nous voulons éviter."

Avec cette circulaire, Jean-Michel Blanquer a voulu donner "aux chefs d'établissement, aux professeurs, une référence républicaine", régie par "l'égalité des droits". Le ministre de l'Éducation nationale entend combattre par ce biais le harcèlement scolaire, et cette ligne républicaine est voulue par la plupart des Français, estime Jean-Michel Blanquer. "Les gens veulent considérer que tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit (...) et ils veulent qu'on cesse la course à la victimisation."