Brice Hortefeux appelle Christophe Castaner à montrer son soutien aux forces de l'ordre. 3:11
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Guilhem Dedoyard
Invité d'Europe 1, l'ancien ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a appelé Christophe Castaner à exprimer son soutien aux forces de l'ordre. Il considère que les récentes décisions et prises de parole de l'actuel ministre ne peuvent que renforcer le malaise dans la police et la gendarmerie.
INTERVIEW

Les policiers et gendarmes ne doivent pas se sentir abandonnés par l'État. C'est ce qu'a expliqué Brice Hortefeux, ancien ministre de l'Intérieur, sur Europe 1. Il considère que les dernières déclarations et menaces de sanctions de Christophe Castaner, l'actuel locataire de la Place Beauvau, ne vont pas dans le bon sens. Dans La France bouge, il exprime son soutien aux forces de l'ordre et incite le ministre de l'Intérieur à faire de même, alors que des policiers manifestent à Paris.

"La police perçoit aujourd'hui une certaine défiance du pouvoir"

Interrogé sur ces rassemblements, Brice Hortefeux estime que, lorsqu'il était ministre, il n'a pas eu à faire face à ce genre de manifestations. "Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de difficultés mais je n'ai jamais eu à à faire face à une manifestation de telle ampleur, c'est donc un signal. C'est le signal d'un malaise qui se confirme sur cette période. En octobre dernier, il y avait déjà eu une manifestation mobilisant 20.000 policiers", rappelle-t-il. Cette situation est, selon lui, due au fait que "la police perçoit aujourd'hui une certaine défiance du pouvoir à l'égard de son action".

"Tout se passe comme si on oubliait, que la police paie un tribut terrible à la violence de notre société", estime Brice Hortefeux. "Les derniers chiffres connus font état de 20.000 policiers et gendarmes qui ont été agressés et blessés en mission. Aujourd'hui on dénombre 100 agressions sur dépositaire de l'ordre public chaque jour", s'alarme-t-il. "Je suis un élu, j'ai exercé ces fonctions et j'appartiens aux Républicains (LR) et nous sommes résolument du côté de la police et de la gendarmerie."

"La police est à l'image de la société, elle est diverse"

"Il y a eu à l'évidence des maladresses et j'attends que le ministre de l'Intérieur dise clairement que la police et la gendarmerie ne sont ni racistes, ni violentes. Il peut y avoir des cas isolés, mais la police est aujourd'hui à l'image de la société, elle est diverse." La première étape est donc de "remercier les forces qui sont chargées d'assurer la sécurité et la protection des citoyens".

Ensuite, il faut selon Brice Hortefeux "rappeler que la police est à l'image de la société". "Comme beaucoup de Français j'ai été choqué qu'un CRS noir se soit fait attaquer, insulter et traiter de 'vendu' par des manifestants. Ce sont des images qui sont inacceptables dans notre société. On doit être très vigilants là dessus."

"Si un individu est récalcitrant, ce n'est pas par l'hypnose qu'on va l'immobiliser"

"Troisième élément, quand il y a des dérives, elles doivent être condamnées." L'ancien ministre de l'Intérieur rappelle que lorsqu'il était aux affaires avec le directeur général de la police nationale de l'époque, Frédéric Péchenard, "il y avait entre 100 et 125 policiers révoqués chaque année". "La police fait partie des corps de l'État les plus surveillés. 64 % des sanctions qui sont adressées aux fonctionnaires le sont pour des policiers. Alors qu'ils ne représentent que 7 % des effectifs de la fonction publique."

Brice Hortefeux se dit également inquiet de l'abandon de la méthode dite d'étranglement. "Si un individu est récalcitrant, ce n'est pas par l'hypnose qu'on va l'immobiliser", estime-t-il, tout en prévenant que le taser, évoqué comme alternative a, lui aussi, été contesté. "Si on met en place des nouvelles techniques, quel est le délai pour la formation ? Aujourd'hui, rien n'est indiqué, rien n'est prévu." Pour Brice Hortefeux, c'est à Christophe Castaner qu'il revient de rassurer les forces de l'ordre. "Il faut qu'il s'exprime, qu'il encourage et qu'il soutienne."