Emmanuel Macron s'est rendu en Polynésie française pour la première fois de son quinquennat. 9:25
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Antoine Terrel
En reconnaissant "une dette" de la France à l'égard de la Polynésie française après les essais nucléaires menés pendant 30 ans dans le Pacifique, Emmanuel Macron est "en cohérence" avec sa politique mémorielle menée depuis le début de son quinquennat, estime l'historien Jean Garrigues, sur Europe 1. 
ANALYSE

Sa prise de parole était très attendue par les habitants. Mardi, à Papeete, Emmanuel Macron a affirmé que la France avait "une dette" à l'égard de la Polynésie française pour avoir réalisé près de 200 essais nucléaires dans le Pacifique pendant 30 ans, jusqu'en 1996, et notamment annoncé que les victimes de ces essais seraient mieux indemnisées. Une déclaration qui s'inscrit dans le cadre d'une politique mémorielle bien précise du président de la République, rappelle sur Europe 1 l'historien Jean Garrigues. Car avant son discours sur l'archipel, le chef de l'Etat avait déjà multiplié les gestes envers le Rwanda ou l'Algérie. 

Des discours sur le Rwanda et l'Algérie

Pour Jean Garrigues , cette déclaration présidentielle en Polynésie est "en cohérence avec ce qu'est la politique mémorielle d'Emmanuel Macron, qui vise à essayer de reconnaître une dette vis-à-vis d'un certain nombre de territoires". Plus tôt dans le quinquennat, rappelle-t-il, "il y avait eu cette formule qui avait fait beaucoup de bruit autour de la colonisation de l'Algérie comme un crime contre contre l'humanité, le rapport de la mission Stora sur la mémoire de la guerre d'Algérie, le rapport Duclert sur le génocide du Rwanda". Cette ligne, estime-t-il, "va plutôt vers une forme de reconnaissance, presque de repentance vis-à-vis de ces actions, de cette histoire coloniale".

"La notion de pardon peut susciter des polémiques"

Reste qu'en Polynésie, pas plus que pour l'Algérie ou le Rwanda, Emmanuel Macron n'a pas présenté d'excuses au nom de la France. "Cela fait partie du 'en même temps' macronien", analyse l'invité d'Europe 1, qui estime que "la notion de pardon est une notion compliquée dans la bouche d'un président de la République". "Cela voudrait dire qu'Emmanuel Macron porte un jugement totalement négatif sur la politique de ses prédécesseurs", dit-il, et par ailleurs, "la notion de pardon peut susciter des polémiques". Aussi, conclut-il, "on peut comprendre l'hésitation d'Emmanuel Macron". 

Selon l'historien, en terme de politique mémorielle, Emmanuel Macron "va plus loin" que ces prédécesseurs. "Il essaye d'être dans une politique de réconciliation mémorielle, ce qui passe bien souvent par cette idée, non pas de repentance, mais de solder un certain nombre de dettes, de comptes". Une position qui serait facilitée par son appartenance à une nouvelle génération, dit Jean Garrigues. "C'est la grande différence avec Mitterrand et Chirac, qui ont vécu les drames et les conflits sur lesquels ils étaient impliqué... Lui, étant l'homme d'une nouvelle génération, il peut se permettre de solder des comptes."