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«Personne n'est aux Restos du Cœur» : le Sénat supprime les avantages des ex-Premiers ministres et présidents de la République

Ugo Pascolo - Mis à jour le . 3 min

Ce 22 janvier, le Sénat a voté un amendement dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2025 qui supprime purement et simplement les avantages des anciens Premiers ministres et présidents de la République. Une décision hautement symbolique alors que l'heure est aux économies. Mais rien n'est encore acté concernant son application.

"Ce ne sont pas des grands nécessiteux de la République, [...] franchement, personne n'est aux Restos du Cœur." C'est par ces mots que la sénatrice centriste normande Nathalie Goulet a proposé une mesure hautement symbolique alors que l'heure est aux économies : la suppression des avantages des anciens présidents et anciens Premiers ministres. Une enveloppe qui représente 2,8 millions d'euros par an

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"La République est en faillite"

"La République est bonne fille, mais la République est en faillite", a par ailleurs écrit la sénatrice dans l'objet de son amendement. "Il y a donc lieu de supprimer les avantages des anciens présidents de la République et anciens Premiers ministres qui n’ont aucune raison d’être : ils sont pour la plupart multi-pensionnés et en général à la suite de très nombreux mandats parlementaires ou locaux. Il n’y a aucune raison de maintenir les moyens de la République à des citoyens qui ne la servent plus au motif qu’ils l’ont servie. Ils ne sont pas obligés alimentaires et disposent tous de facultés contributives suffisantes. Par ailleurs, nombreux sont encore en activité (avocat, consultant, etc.) ou élus".

Et l'argument a semble-t-il fait mouche, puisque les sénateurs l'ont voté, contre l'avis du gouvernement, ce 22 janvier. "Hop hop hop des économies", s'est félicité Nathalie Goulet sur Twitter. "Quand on demande aux Français de faire des efforts, ils ne comprendraient pas que l’État ne commence pas par lui-même et par éviter les dépenses superflues", a réagi le sénateur Michel Canevet. "Ça ne me choque pas qu’on ne loge pas à vie un ancien président ou qu’on n’assure pas sa sécurité jusqu’à la fin de sa vie", a déclaré de son côté la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, sur BFMTV.  

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16 ex-Premiers ministres

La France compte 16 anciens Premiers ministres, un chiffre qui a fortement augmenté en 2024, puisque Matignon a vu défiler pendant cette période pas moins de quatre locataires. Tous peuvent prétendre à une voiture avec chauffeur et un secrétariat s'ils n'en disposent pas dans le cadre d'une fonction publique ou d'un autre mandat. Ainsi, Edith Cresson, la première femme à avoir été Première ministre, entre mai 1991 et avril 1992, bénéficie encore de ces avantages, tout comme un certain... Edouard Balladur, qui a occupé le même poste entre mars 1993 et mai 1995.

Une situation qui n'est plus possible de nos jours, un décret de 2019 limitant ces avantages à 67 ans et sur une durée de 10 ans. Mais la mesure n'est pas rétroactive. 

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La mesure va-t-elle être appliquée ? 

De leurs côtés, les anciens présidents de la République ont des moyens plus importants. En plus d'une voiture avec chauffeur, ils bénéficient "d’un cabinet de sept membres mis à disposition et deux agents de service pendant une durée de cinq années à compter de la fin de leurs fonctions ; ce dispositif est ensuite réduit à trois membres et un agent de service". Mais également "de locaux meublés et équipés, dont le loyer, les charges et les frais généraux sont pris en charge par l’État", et "de la prise en charge des frais de réception et des frais de déplacement pour eux-mêmes et un collaborateur pour leurs activités liées à leurs fonctions d’anciens chefs de l’État", rappelle Charles de Courson, le rapporteur général du budget de l'Assemblée nationale.

L'amendement signe-t-il donc la fin de ces avantages ? Rien n'est encore acté. Le texte a été voté dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) pour 2025 et il doit encore être voté à l'Assemblée nationale, et notamment lors de la commission paritaire mixte, entre sénateurs et députés, qui se tient le 30 janvier prochain. Mais il pourrait rencontrer un autre obstacle de taille : un 49.3. Le gouvernement étant contre cette mesure, s'il passe en force sur le PLF, il y a fort à parier que l'amendement de la sénatrice ne soit pas dans la version finale de la loi. Sans oublier qu'en cas d'utilisation du 49.3, le gouvernement de François Bayrou peut tomber à la suite d'une motion de censure.