"Panama Papers" : ces proches de Marine Le Pen rattrapés par le scandale

Le FN n'est "pas impliqué dans l’affaire des ‘Panama papers’" indique le parti dans un communiqué de presse.
Le FN n'est "pas impliqué dans l’affaire des ‘Panama papers’" indique le parti dans un communiqué de presse. © FREDERICK FLORIN / AFP marine le pen florian philippot
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R.D , modifié à
Selon des informations du Monde révélées mardi, des proches de la dirigeante frontiste se seraient servis du système offshore pour faire sortir plusieurs milliers d’euros de France.  

Le Monde avait annoncé qu'un "grand parti français" était concerné par le scandale financier des "Panama papers". Mardi 5 avril les révélations du quotidien ne ciblent pas directement un parti, mais plus précisément des "proches conseillers", en l’occurrence ceux de Marine Le Pen, présidente du Front national. Selon Le Monde, plusieurs de ses proches auraient élaboré un système sophistiqué de transactions offshore, passant par Hong Kong, Singapour, les îles Vierges britanniques et le Panama, afin de faire sortir de l’argent de France. Le journal pointe plus particulièrement le rôle joué par Nicolas Crochet, expert-comptable et conseiller économique de Marine Le Pen en 2012, et Frédéric Chatillon, fondateur de la société Riwal qui est devenue le principal prestataire de service du parti.

Ces deux hommes ont déjà été mis en examen début 2015 dans l’enquête autour de "Jeanne", le micro-parti de Marine Le Pen. Le premier pour "complicité d'escroquerie", "blanchiment d'abus de biens sociaux", "financement illégal de parti politique" et "recel d'abus de confiance". Le second  pour "financement illégal", "faux et usage de faux", "escroquerie", "abus de biens sociaux" et "blanchiment d’abus de biens sociaux".

Le Monde révèle qu’ils auraient également fait sortir 316.000 euros du territoire au lendemain de l’élection présidentielle de 2012, en se servant d’un emboîtement complexe de sociétés écrans.

Sociétés offshores. En mai 2012, Frédéric Chatillon se serait porté acquéreur de la société hongkongaise Unanime, dès lors baptisée Time Dragon, et dont la maison mère Harson Asia Limited a été domiciliée aux îles Vierges via le cabinet Mossack Fonesca, à l’origine des "Panama Papers". Dans le même temps, Ever Harvest Garments Limited, société offshore du frère de Nicolas Crochet, également basée à Hong Kong, aurait émis à l’attention de Time Dragon une fausse facture supposée régler la réalisation des sites internet du Rassemblement Bleu Marine. Un service en vérité exécuté par un autre prestataire. L’argent transféré aurait finalement été réinvesti dans Giift, la société singapourienne de Pascal Xatart, un ami de Frédéric Chatillon, détaille Le Monde.

Ligne de défense. "J'aurai droit demain (mardi) aux honneurs du Monde dans l'affaire de #Panamapapers " avait prévenu lundi via Facebook Frédéric Chatillon, tentant de déminer le terrain. "Je vais prendre les devants pour m''auto-scooper' et éviter de laisser se développer d'extravagants fantasmes". L'homme avait ajouté : "À l’automne 2012, les associés de la société Unanime et moi-même avons décidé d’investir en Asie une partie des bénéfices (300KE) que la société avait déjà réalisés au cours de l’année 2011. Nous avons choisi l’Asie qui offrait les perspectives de rentabilité les plus attrayantes. Au surplus, nous avons aussi cherché à échapper à la pression médiatique habituelle en France."

"Le Monde a sorti son pétard mouillé qui confirme que le FN n’est pas concerné. Alors quel parti ? Celui de Balkany ? Celui de Cahuzac ? * " a tweeté le vice-président du FN Florian Philippot quelques minutes après les révélations du quotidien. Dans le cadre de l’affaire "Jeanne", les enquêteurs s’étaient déjà intéressés à cette opération financière, soupçonnant que l’argent provienne des rémunérations perçues pendant les campagnes de 2012 et soit retourné dans les caisses du parti. Des faits qui n’ont pas été établis rappelle Le Monde. "Un parti politique et un prestataire ce n'est pas la même chose !", a encore souligné Florian Philippot sur Itélé, indiquant qu'il ne "coupait pas les ponts" avec ce dernier, tant que la justice ne s'était pas exprimée. Dans un communiqué de presse, le FN indique n’être "pas impliqué dans l’affaire des ‘Panama papers’", et promet des poursuites judiciaires "contre tous ceux qui se compromettraient dans la diffamation la plus grave."

Jeanne au bûcher. Il faut dire que depuis 2014, l’affaire "Jeanne", du nom du micro-parti de Marine Le Pen, agite le premier cercle autour de la présidente. Les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi soupçonnent cette structure "d’escroquerie" à l’occasion des campagnes cantonales de 2011 et législative de 2012. "Jeanne" avait alors soutenu financièrement plusieurs candidats frontistes et délivré des "kits électoraux" à 16.500 euros, mis en place par la société Riwal de Frédéric Chatillon. Or, la justice se demande si ces prestations n’ont pas été surfacturées, de manière à enrichir le parti via le remboursement des frais de campagne.

"Nous n'avons rien à nous reprocher". Pour l’heure dix personnes ont été mises en examen, outre Fréderic Chatillon et Nicolas Crochet, il s’agit notamment du vice-président du FN Jean-François Jalkh et du trésorier du parti Wallerand de Saint-Just. "Jeanne", le FN et Riwal ont également été mis en examen en mai 2015 en tant que personnes morales. "Une mesure administrative absolument classique", avait assuré dans la foulée Marine Le Pen à L’Express. "Je persiste à vous dire que nous n'avons rien à nous reprocher."

 

*Les noms de Patrick Balkany, député-maire LR de Levallois-Perret, et de Jérôme Cahuzac, ancien ministre PS du budget, apparaissent également dans les "Panama papers".