Ouzbékistan : Emmanuel Macron promet à son homologue d'être au «rendez-vous» des réformes

© Ludovic MARIN / AFP
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avec AFP
En visite en Ouzbékistan, Emmanuel Macron a promis d'accompagner le président actuel du pays dans sa politique d'ouverture. "L'Ouzbékistan est en train de se transformer. Nous devons être au rendez-vous. Nous serons au rendez-vous!", s'est exclamé le président de la République. 

Le président français Emmanuel Macron a promis jeudi d'accompagner son homologue ouzbek Chavkat Mirzioïev dans sa politique d'ouverture de son pays, appelant pour cela au renforcement du partenariat et des échanges économiques avec cette ex-république soviétique d'Asie centrale. "L'Ouzbékistan est en train de se transformer. Nous devons être au rendez-vous. Nous serons au rendez-vous!", a-t-il assuré à l'ouverture d'un forum d'affaires franco-ouzbek à Samarcande, joyau architectural sur l'ancienne Route de la soie.

"Depuis sept ans, vous avez entrepris une politique qui est claire, d'apaisement et de stabilité régionale et d'ouverture et modernisation de votre économie. Cette politique, nous y croyons, nous la soutenons, nous voulons l'encourager et nous voulons y participer", a-t-il lancé au côté de son homologue. "Le gouvernement français a confiance dans la stratégie qui est la vôtre", a-t-il martelé.

 

L'Ouzbékistan mise depuis 2016 sur l'ouverture et les réformes pour attirer les investisseurs étrangers et sur la diversification de ses partenaires pour asseoir son indépendance, notamment vis-à-vis de l'ancienne puissance tutélaire russe. S'il a sorti son pays des 25 ans d'isolement imposés par son prédécesseur, le redouté Islam Karimov, dont il était un fidèle serviteur, le président Mirzioïev ne souffre en revanche d'aucune contestation. Et en juillet 2022, 21 personnes ont été tuées lors de rares manifestations ayant dégénéré.

Emmanuel Macron n'a fait aucune référence publique à la situation de l'État de droit dans ce pays, au régime qualifié d'autoritaire par des ONG, mais il a assuré que les investissements français l'aideraient sur la voie des réformes. Ils offrent une "double garantie politique, celle de réformes qui vont continuer de se faire et celle d'un accompagnement stratégique inédit de la France dans la région", a-t-il dit.

"Ayez confiance"

Le spécialiste français de l'uranium Orano a annoncé de premières activités d'extraction en Ouzbékistan qu'il ambitionne de développer. Le géant français de l'électricité EDF a de son côté conclu un pré-contrat pour la réalisation de deux projets hydroélectriques et le groupe français TotalEnergies un protocole d'accord pour l'extension de la centrale solaire Tutly. Le président Mirzioïev a vanté de son côté "une nouvelle ère de coopération qui commence" entre les deux pays, ainsi qu'"une entente et une confiance" mutuelles.

"Les réformes sont irréversibles", "nous continuerons notre politique d'ouverture", a-t-il dit, assurant vouloir "construire un pays démocratique", doté d'une "société civile forte". "Ayez confiance, vous avez la parole du président", a-t-il conclu, en promettant de créer "les meilleures conditions" possibles pour les entreprises françaises. Les deux dirigeants ont annoncé que leurs deux pays allaient engager des discussions pour conclure un partenariat stratégique d'ici la fin 2023.

Emmanuel Macron, arrivé mercredi soir en Ouzbékistan en provenance du Kazakhstan voisin, achève ainsi une visite de deux jours en Asie centrale destinée à renforcer la présence française dans un ancien pré-carré russe de plus en plus courtisé par la Chine, la Turquie et l'Europe. Il est le premier président français à se rendre dans ce pays depuis François Mitterrand en 1994. Signe de cette bonne entente, plusieurs accords ont été conclus dans l'énergie et la modernisation des infrastructures ouzbèkes.

Une coopération stratégique

Le Trésor français va octroyer de son côté des prêts pour l'adduction en eau potable dans la région de Kachkadarya (sud) alors que l'Ouzbékistan est un pays en grande partie désertique. L'Ouzbékistan, pays le plus peuplé d'Asie centrale avec 35 millions d'habitants, est aussi très courtisé par la Chine et la Turquie. Mais la Russie y reste très présente et a récemment commencé à y livrer du gaz. À Astana, Emmanuel Macron avait aussi appelé mercredi à "accélérer" le partenariat stratégique avec le Kazakhstan et loué le refus de toute "vassalisation" du pays, notamment vis-à-vis de la Russie, malgré les "pressions" subies.

Des contrats portant sur les minerais stratégiques -- avec une coopération dans la recherche géologique --, la production de vaccins contre la fièvre aphteuse et le développement d'un important parc éolien en collaboration avec TotalEnergies ont été signés. Comme François Mitterrand en 1994, le chef de l'État visitera, avant de repartir pour Paris, plusieurs sites légendaires de Samarcande, où le chef de guerre Tamerlan fit édifier de somptueux édifices au XIVe siècle.