Nouvelle-Calédonie : Manon Aubry estime que Macron est «un agent du chaos» et que la situation ne se règlera pas par la «brutalité»

Manon Aubry 9:58
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Alexandre Dalifard , modifié à
Alors qu'Emmanuel Macron est en route pour la Nouvelle-Calédonie, sur place, la situation ne semble pas s'améliorer. L'archipel a même été visé par une cyberattaque d'une force inédite ce mercredi. Pour l'occasion, la tête de liste LFI aux élections européennes, Manon Aubry, était l'invitée d'Europe 1 Soir. Au micro de Laurence Ferrari et de Pierre de Vilno, elle revient sur cette actualité.

Emmanuel Macron est attendu en Nouvelle-Calédonie pour une visite à risques destinée à renouer le fil du dialogue et accélérer le retour à l'ordre après une semaine d'émeutes dans l'archipel, visé mercredi par une cyberattaque "d'une force inédite". Au terme d'un périple de plus de 17.000 km, le chef de l'État doit atterrir jeudi matin (heure locale) dans le territoire français du Pacifique Sud, notamment pour y installer une mission de dialogue composée de trois hauts fonctionnaires. Cette mission restera sur place "autant qu'il faudra" et "aura pour objectif de faire émerger un dialogue politique local dans le but de parvenir à un accord politique global", a précisé Gabriel Attal.

Pour l'occasion, la tête de liste de la France insoumise aux élections européennes était l'invitée de l'émission "Face à Manon Aubry" ce mercredi soir. Au micro de Laurence Ferrari et de Pierre de Vilno, elle revient sur cette actualité qui anime le débat en métropole ainsi que sur l'archipel.

Le gouvernement a craqué une boîte d'allumettes sur la Nouvelle-Calédonie

"Le premier signe d'apaisement que j'attends de la part du président de la République, c'est le retrait de ce qui a mis le feu aux poudres, c'est-à-dire le projet de loi constitutionnelle qui a été poussé, imposé de force par le gouvernement et qui a finalement fait voler en éclat 35 ans de paix civile en Nouvelle-Calédonie, issue des accords de Nouméa", répond dans un premier temps la députée européenne. Elle estime que le gouvernement "a pris une énorme boîte d'allumettes qu'il a craqué" sur l'archipel pour ensuite venir crier au feu. "Maintenant, c'est à eux d'être responsables, de retirer le projet de loi constitutionnelle et de ramener l'ensemble des parties prenantes autour de la table pour réengager un dialogue et, collectivement, trouver la porte de sortie sur cette crise", réclame Manon Aubry au micro d'Europe 1.

Pour elle, le gouvernement ne peut ignorer l'avis de la population et passer en force à chaque fois. "Ça crée du désordre dans le pays. Je vais même plus loin, je pense que c'est Emmanuel Macron qui crée du chaos dans le pays. Emmanuel Macron est un agent du chaos. Tout ce qu'il touche, ça crée du chaos et la situation en Nouvelle-Calédonie en est l'illustration", s'indigne-t-elle. Face à cela, la tête de liste LFI estime que le chef de l'État doit faire "la démonstration qu'il n'est pas simplement cet agent et doit ramener de l'ordre et du calme en faisant un geste".

"Aux populations de décider"

Face aux émeutes et au climat qui règne sur l'archipel, Manon Aubry estime que le destin commun doit être discuté collectivement et ne peut pas être une décision unilatérale à Paris, prise contre l'assentiment d'une grande partie des parties prenantes de Nouvelle-Calédonie. "Vous voyez ce que vient de faire le président de la République et ce gouvernement, c'est tout sauf créer du destin commun puisqu'il a monté les communautés les unes contre les autres. Ce n'est pas ce qu'on souhaite, ce n'est pas ce que je souhaite", assure-t-elle.

"Quand vous avez un taux de chômage et un taux de pauvreté bien plus élevés dans la population kanak que dans le reste de la population en Nouvelle-Calédonie, il y a énormément d'enjeux à traiter sur l'archipel et ce dont je suis sûr et ce qu'a démontré malheureusement ces dix derniers jours, c'est qu'on ne règle pas une situation politique par de la brutalité. On la règle par des solutions, par des propositions politiques", souligne Manon Aubry. Et cette dernière insiste sur le fait que la rupture entre les peuples a été introduite par une décision unilatérale de Paris. "Vous savez, j'ai toujours défendu le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Donc, ça veut dire que ce sera aux populations de décider la manière dont elles vont organiser les choses", conclut-elle.