RSA étendu aux jeunes ou revenu universel, il y a débat au sein de la classe politique. 1:33
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Claudia Bertram édité par Léa Leostic
Alors que les conséquences de la crise sanitaire touchent particulièrement la jeunesse, qui a vu ses revenus chuter et ses perspectives d’avenir professionnel s’assombrir, des politiques de tous bords émettent à nouveau l’idée d’un revenu universel. Avec des modalités différentes selon les partis.
DÉCRYPTAGE

Le revenu universel, idée phare de Benoit Hamon en 2017, est de retour dans le débat politique. Enterrée depuis la défaite à 6% du candidat socialiste, l'idée est à nouveau sur le devant de la scène dans un contexte de crise sociale qui affecte particulièrement la jeunesse. Une proposition de loi portée par le PS instaurant un minimum jeunesse est débattue jeudi à l'Assemblée nationale. Elle n’a aucune chance d’être adoptée car le texte a été rejeté en commission, mais elle met un nouveau coup de projecteur sur le revenu universel.

"Revenu de base", "vital", "garanti" ou encore "citoyen" : à chaque parti politique son adjectif

Car même s’il a été rejeté par la majorité, le concept irrigue le débat d'idées à gauche, mais aussi à droite. "Revenu de base", "vital", "garanti" ou encore "citoyen" : à chaque parti politique son adjectif et ses modalités. Les députés socialistes défendent par exemple la création d'un minimum jeunesse de 564 euros par mois dès 18 ans et d'une dotation universelle de 5.000 euros.

Pour le député PS Boris Vallaud, c’est indispensables dans le contexte actuel. "On est au milieu d'une crise qui est d'une violence sociale inouïe, en particulier pour la jeunesse. On a besoin de lui tendre la main et ce minimum jeunesse est à la fois un filet de sécurité et un tremplin pour qu'elle puisse continuer à s'inventer un avenir. Loin de désinciter au travail, ça va remettre le pied à l'étrier à beaucoup de jeunes qui, aujourd'hui, se désespèrent", expose-t-il au micro d’Europe 1.

Pour Aurélien Pradié, cette ressource ne doit "jamais être supérieure à celle du travail"

A droite aussi, le revenu universel fait son chemin. Les libéraux tiquent, mais le secrétaire général des Républicains, Aurélien Pradié porte l'idée d'un revenu vital de 715 euros. "Derrière le mot 'revenu universel', vous pouvez tout à fait mettre l'approche des socialistes, tout comme l'approche de droite. Ce que je souhaite, c'est que la ressource dont je parle ne soit jamais supérieure à celle du travail, qu'elle vienne faire le ménage dans les différents dispositifs d'aides sociales et qu'elle soit conditionnée à quelques mois consacrés à l'intérêt général. Ça fait déjà trois grande différences avec l'approche que la gauche a du revenu universel", développe-t-il de son côté. Même le Rassemblement National dit réfléchir actuellement à un dispositif de ce type.

Comment financer le revenu universel ?

Invité d’Europe 1 jeudi matin, Guillaume Allègre, économiste à l’OFCE et co-auteur du livre "Pour ou contre le revenu universel" plaide lui pour ouvrir le RSA au moins de 25 ans. Mais dans tous les cas, la question du financement d’une telle mesure se pose. "Les pays nordiques finance le revenu universel par l’impôt. Ils versent 1% du PIB aux jeunes et ils sont aussi moins généreux en retraite, alors qu’en France, on dépense 14% du PIB en retraite", compare Guillaume Allègre qui propose donc de dépenser 1% du PIB pour les jeunes.

Moqué en 2017, l’idée d’un revenu universel devrait avoir plus de promoteurs pendant la prochaine campagne présidentielle. Car depuis l’été dernier, le revenu des 20-25 ans a chuté de 10%, soit deux fois plus que celui du reste de la population française.