Migrants : pour Fabius, "la Hongrie ne respecte pas les valeurs de l'Europe"

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Le ministre des Affaires étrangères était l'invité du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Monde/iTELE dimanche.
INTERVIEW

Le sujet brûlant des migrants est au cœur des dossiers de Laurent Fabius. Invité du premier numéro de la saison du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Monde/iTELE, dimanche, le ministre des Affaires étrangères a condamné l'attitude de certains pays d'Europe sur la question de la répartition des demandeurs d'asile. "Quand je vois un certain nombre de pays d'Europe qui n'acceptent pas ces contingents, je trouve ça scandaleux", a-t-il déclaré, "en particulier des pays situés à l'est de l'Europe".

"On ne respecte pas les valeurs de l'Europe en posant des grillages". Laurent Fabius est particulièrement remonté contre l'édification d'un mur par la Hongrie à sa frontière avec la Serbie. "La Hongrie fait partie de l'Europe, l'Europe a des valeurs et on ne respecte pas ces valeurs en posant des grillages", a condamné le ministre. La Hongrie doit-elle démanteler ce mur ? "Bien sûr", a-t-il tranché. "La Hongrie ne respecte pas les valeurs communes de l'Europe, donc il faut que les autorités européennes aient une discussion sérieuse et même sévère avec les responsables", a-t-il ajouté.

Laurent Fabius a également mis en garde : "la question ne va pas s'arrêter rapidement, il faut être honnête, à cause de ses fondements". Est-ce une affaire de plusieurs années ? "Oui, bien sûr", a répondu Laurent Fabius, avant d'enfoncer le clou : pour lui, si le réchauffement climatique continuait, "ce ne sont plus des centaines de milliers de gens qui vont migrer, ce sont des centaines de millions. Lutter contre le dérèglement climatique et pour trouver des solutions aux questions migratoires, c'est donc lié".

"On parle de ce sujet comme s'il s'agissait de marchandises". Le ministre a aussi fait part de son indignation quant au traitement médiatique de cette crise migratoire. "Ce qui me choque, et les responsables politiques ne sont pas exonérés, c'est que j'entends qu'on parle de ce sujet comme s'il s'agissait de produits, de marchandises", a dénoncé Laurent Fabius. "Il faut toujours garder, non seulement à l'esprit mais dans le cœur, que ce sont des hommes, des femmes et des enfants, avec leurs souffrances, leurs espérance", a-t-il exhorté.

 


Conférence climat : un sommet le 30 novembre. Paris accueille à la fin de l'année la COP 21, conférence mondiale sur le réchauffement climatique, qui débutera par un sommet de dirigeants. "On va faire venir les chefs d'Etat et de gouvernement qui le souhaitent au tout début de la conférence, le 30 novembre, pour qu'ils donnent une impulsion politique", a annoncé Laurent Fabius.

"Petit à petit, le grand public va s'apercevoir de l'importance de cette affaire. C'est une conférence vitale au sens propre", a insisté Laurent Fabius. Même si les négociations s'annoncent difficile, a reconnu le ministre. "Il faut que je soumette le texte aux 196 parties et que tous les pays lèvent le doigt !", a-t-il rappelé. "C'est une course de vitesse, c'est le mot, donc il est impératif de conclure".

"Le chaos en Syrie est le terreau de Daech". Interrogé sur la situation en Syrie, Laurent Fabius a prôné la "négociation politique" pour trouver une solution. "Bachar al-Assad est l'une des causes principales du chaos en Syrie, et le chaos en Syrie est le terreau de Daech", a affirmé le patron du Quai d'Orsay. Pour lui, il faut "trouver une transition où il y ait d'un côté des éléments du régime (...) et d'autre part l'opposition non terroriste".