Julien Denormandie appelle à "arrêter la guerre des prix". 4:19
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Antoine Terrel , modifié à
Sur Europe 1, Julien Denormandie est revenu sur l'annonce par Jean Castex du déblocage de 60 millions d'euros d'aides d'urgence aux éleveurs les plus en difficulté. Insistant sur le rôle des industriels et des distributeurs, mais aussi sur celui des consommateurs, le ministre de l'Agriculture appelle à "sortir de la guerre des prix".  
INTERVIEW

Le gouvernement veut venir en aide aux éleveurs. Samedi, le Premier ministre Jean Castex a annoncé le déblocage de 60 millions d'euros d'aides d'urgence pour les professionnels les plus en difficulté, qui ont gagné moins de 11.000 euros en 2020. Car le secteur est en crise, et les éleveurs regrettent régulièrement de devoir vendre leurs bêtes à un prix inférieur à leurs coûts de production. Invité samedi d'Europe 1, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a insisté sur le rôle des industriels et des acteurs de la grande distribution, tout comme sur celui des consommateurs, appelant à "arrêter la guerre des prix". 

Ce fonds de 60 millions d'euros "est destiné à tous ces hommes et ces femmes qui travaillent de manière incroyable pour nous nourrir", assure-t-il. Avec la crise du coronavirus, "ils ont vu des débouchés se fermer et ont des revenus qui se sont fortement abaissés", poursuit le ministre. D'où la nécessité de "débloquer des aides d'urgence pour consolider leurs revenus et faire en sorte qu'ils puissent vivre dignement de leur travail". 

Mais du côté des éleveurs, on réclame plus que des aides, et on insiste sur la question des prix, souvent trop bas. "Je partage totalement le combat du prix", assure Julien Denormandie. Et d'ajouter : "L'ADN de notre agriculture est de faire des produits de qualité. Mais on observe dans notre pays la guerre des prix, avec toujours les prix les plus bas. Or, quand vous êtes dans une guerre des prix, vous ne pouvez pas pousser pour une meilleure qualité". 

La loi Alimentation "ne marche pas totalement"

Sur Europe 1, le ministre appelle donc à "arrêter cette guerre des prix". Mais comment ? Tout d'abord, détaille Julien Denormandie, "il faut mettre fin à des comportements de la grande distribution et des industriels qui ne cessent de faire la guerre des prix". Pour cela, "à mon avis, il va falloir aller encore plus loin" que la loi Alimentation, car cette loi "ne marche pas totalement", reconnaît-il.

Mais Julien Denormandie insiste aussi sur le rôle des consommateurs. "Nous sommes des consommateurs, mais aussi des acteurs. Quand on est au supermarché, posons nous la question : 'D'où viennent ces produits' ? Est-ce qu'on veut des produits de qualité ou est ce qu'on continue à importer sans cesse des produits de moins bonne qualité ?" "Une qualité, ça se rémunère", dit encore le membre du gouvernement.

Vers des négociations pluriannuelles ? 

La question des prix étaint au menu des négociations commerciales annuelles entre les producteurs et les distributeurs, qui se sont déroulées dans une ambiance tendue. Sur Europe 1, Serge Papin, ancien PDG de Système U et médiateur auprès du ministre de l’Agriculture, a notamment proposé de passer à un système de négociations "pluriannuelles". Le gouvernement pourrait-il suivre cette recommandation ? "Cette recommandation avance bien et rapidement", répond Julien Denormandie. 

"On va renforcer la loi, renforcer les pratiques pour passer par exemple à de la contractualisation pluriannuelle, c'est-à-dire donner de la visibilité sur les prix sur plusieurs années", ajoute-t-il. Et de conclure : "S'il faut modifier la loi, nous le ferons".