macron nouméa 1280 LUDOVIC MARIN / AFP 1:28
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Six mois avant le référendum sur l'indépendance, Emmanuel Macron a appelé samedi les Calédoniens "à ne pas faire reculer l'Histoire". 

Au troisième jour de sa visite en Nouvelle-Calédonie, la prise de parole d'Emmanuel Macron était très attendue, à six mois du référendum sur l'indépendance de l'archipel. Samedi, à Nouméa, lors d'un discours au théâtre de l'île, le président de la République a indiqué qu'il ne "prendrait pas parti", tout en affirmant que la France ne "serait pas la même sans la Nouvelle-Calédonie". 

"Je ne prendrai pas parti dans ce référendum qui vient (...) ce n'est pas au chef de l'État de prendre position sur une question qui est posée aux seuls Calédoniens'", a d'abord déclaré Emmanuel Macron, ajoutant qu'une prise de position "ne ferait que biaiser le débat". "La Nouvelle-Calédonie n'a jamais manqué à la France", a-t-il cependant ajouté, avant d'appeler les Calédoniens à "ne pas faire reculer l'Histoire".

Le "non" est attendu gagnant. Depuis 20 ans, un processus de décolonisation par étapes est en place en Nouvelle-Calédonie et doit déboucher le 4 novembre sur un référendum lors duquel les électeurs devront dire s'ils veulent "que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante". Au vu du rapport de forces actuel entre les deux camps, le "non" est attendu gagnant.

"Jamais nous n'oublierons les douleurs de la colonisation". Devant le gouvernement de Nouvelle-Calédonie, les élus, les chefs coutumiers, les représentants de la société civile et les responsables économiques, le président de la République est également revenu dans son discours sur la nécessité de réconciliation dans l'archipel. "Jamais nous n'avons éludé le passé, a-t-il assuré (...) cette mémoire calédonienne est la mémoire de la France". "C'est en reconnaissant les blessures de l'Histoire qu'on peut les cicatriser", a également affirmé Emmanuel Macron, avant de reconnaître que "le combat des Kanaks pour retrouver leur dignité était juste". "Jamais nous n'oublierons les douleurs de la colonisation et la douleur des Kanaks", a-t-il conclu.

Macron joue l'apaisement. Plus tôt dans la journée, en visite sur l'île d'Ouvéa, Emmanuel Macron avait clairement joué l'apaisement, en choisissant de ne pas déposer de gerbe sur la tombe des 19 militants kanaks, tués en 1988 lors de l'assaut de la grotte d'Ouvéa, alors qu'un collectif d'habitants de Gossanah, tribu où se trouve la grotte, mène campagne depuis mi-avril pour s'opposer à la venue de Macron, qualifiée de "provocation". Le président est donc resté en retrait, entouré d'enfants et d'officiels, pendant que les familles déposaient une gerbe sur le mémorial de Wadrilla. 

Dans la matinée, entouré des élus locaux et des responsables coutumiers kanak d'Ouvéa, le chef de l'État avait en revanche déposé une gerbe à la gendarmerie de Fayaoué à la mémoire des quatre gendarmes tués le 22 avril 1988 lors de l'attaque de la brigade, et des deux militaires morts pendant l'assaut. 

"Deux séquences mémorielles qu'Emmanuel Macron a évoquées dans son discours, indiquant être allé à Ouvéa "pour honorer les morts et respecter le deuil des familles et pour honorer tous les morts. Ce que nous avons fait ce matin, c'est de réconcilier toutes nos histoires".