Lutte contre l'antisémitisme : il faut être "totalement déterminé", voire "enragé", selon Philippe

"L'antisémitisme est très profondément enraciné dans la société française", s'est alarmé le Premier ministre Edouard Philippe.
"L'antisémitisme est très profondément enraciné dans la société française", s'est alarmé le Premier ministre Edouard Philippe. © THOMAS SAMSON / AFP
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avec AFP
Le Premier ministre Edouard Philippe a appelé dans une interview à "L'Express" à se montrer "totalement déterminé", voire "enragé", dans le combat contre l'antisémitisme. 

Edouard Philippe appelle à être "totalement déterminé" contre l'antisémitisme "très profondément enraciné" dans la société française, ajoutant qu'il serait "faux et absurde de dire que le mouvement des 'gilets jaunes' est antisémite", dans un entretien à L'Express publié mardi.

Philippe présent au rassemblement parisien. "L'antisémitisme est très profondément enraciné dans la société française. On aimerait penser le contraire, mais c'est un fait", affirme le chef du gouvernement, qui doit participer mardi au rassemblement parisien contre l'antisémitisme avec une bonne partie du gouvernement. "Il faut être totalement déterminé, je dirais presque enragé, dans notre volonté de lutter, avec la conscience claire que ce combat est ancien et qu'il durera longtemps". 

Edouard Philippe revient sur les insultes à caractère antisémites proférées par des "gilets jaunes" samedi à l'encontre du philosophe conservateur Alain Finkielkraut. "Il serait faux et absurde de dire que le mouvement des gilets jaunes est antisémite", selon lui. Mais "à l'occasion de la crise des gilets jaunes un certain nombre de garde-fous ou de digues sont tombés". 

Alain Finkielkraut, un symbole de la République. "Des interdits qui créent les conditions d'une vie sociale paisible ont été remis en cause. Et parmi ces éléments, il y a l'antisémitisme. Cela touche aussi le respect des symboles de la République, des journalistes, des élus, comme le respect des églises, des synagogues ou des cimetières... S'en prendre à Alain Finkielkraut, c'est précisément s'en prendre à un symbole de la République, à l'indispensable figure de l'intellectuel engagé", estime l'ancien maire du Havre.

Le Premier ministre réplique également à ceux, notamment le leader de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon et son bras droit Alexis Corbière, qui accusent le gouvernement d'"instrumentaliser" l'antisémitisme pour nuire aux "gilets jaunes". "Je sais bien qu'en disant cela je peux énerver beaucoup de gens, qui pensent que le problème n'existe pas, ou qui n'aiment pas qu'on en rappelle l'existence. Mais nous avons un problème" avec l'antisémitisme en France, insiste Edouard Philippe.

"Le danger serait de considérer que telle ou telle forme est plus préoccupante qu'une autre". Quand certains pointent le nouvel antisémitisme venu des banlieues ou de l'islamisme, le Premier ministre refuse "de distinguer les différentes catégories d'antisémitisme". Si cet antisémitisme-là "existe évidemment", "le danger serait de considérer que telle ou telle forme est plus préoccupante qu'une autre", juge-t-il. Edouard Philippe confirme par ailleurs le principe d'une loi, annoncée en mars 2018 et voulue "avant l'été" 2019, pour lutter contre les propos haineux sur les réseaux sociaux. Mais la forme exacte "n'est pas tranchée car nous devons trouver le bon vecteur juridique", explique-t-il.