Loi sur la sécurité globale : "Filmer oui, traquer les policiers non", défend Darmanin
Invité de la matinale d'Europe 1, mercredi, Gérald Darmanin a défendu "la loi relative à la sécurité globale" actuellement débattue à l'Assemblée nationale. Le ministre de l'Intérieur estime que "ce texte de loi va gêner un certain nombre de personnes qui n'aiment pas la police".
Un soutien de poids à un texte controversé : mercredi, invité de la matinale d'Europe 1, Gérald Darmanin a défendu la "loi relative à la sécurité globale", proposition de loi des députés de la majorité Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot . Cette loi vise à "protéger ceux qui nous protègent" en encadrant la diffusion de l'image des policiers et gendarmes, estime le ministre de l'Intérieur, qui résume le texte d'une formule : "Filmer oui, traquer les policiers non".
"Atteinte à la liberté d'expression"
La disposition la plus polémique de cette proposition de loi est l'article 24. Il prévoit de pénaliser d'un an de prison et de 45.000 euros d'amende la diffusion de "l'image du visage ou tout autre élément d'identification" d'un policier ou d'un gendarme en intervention lorsque celle-ci a pour but de porter "atteinte à son intégrité physique ou psychique".
" Les citoyens qui le souhaitent pourront toujours filmer les interventions de police "
"Ce texte de loi va gêner un certain nombre de personnes qui n'aiment pas la police", affirme le ministre de l'Intérieur, qui insiste sur la nécessité de "protéger les policiers et les gendarmes, très largement attaqués ces derniers temps" et "en même temps de garantir la liberté d'informer". "Les citoyens qui le souhaitent pourront toujours filmer les interventions de police et s'ils voient des choses qui sont contraires évidemment à la déontologie, de les adresser au procureur de la République", affirme encore l'ancien élu Les Républicains.
Soutenue par les syndicats policiers, la mesure fait bondir représentants des journalistes et défenseurs des libertés publiques qui dénoncent "une atteinte disproportionnée à la liberté d'expression". Selon le ministre, permettre au grand public de prendre connaissance des violences reprochées à Alexandre Benalla place de la Contrescarpe ou aux policiers vis-à-vis de certains "gilets jaunes" serait toujours "évidemment" possible.
Des échauffourées "inacceptables" pour Darmanin
Mardi soir, les députés ont commencé à débattre de cette loi vers 21 heures, alors que de sérieuses échauffourées ont éclaté entre plusieurs centaines de personnes et les forces de l'ordre à la fin d'un rassemblement près du Palais Bourbon en dépit du confinement. "Mardi, il y a eu des violences inacceptables devant l'Assemblée nationale", a dénoncé Gérald Darmanin, citant "des gens qui ont attaqué des magasins, des policiers qui ont reçu des pavés sur la tête". "Les députés allaient légitimement discuter d'un texte de loi présenté par quelques uns de leurs collègues. Il y avait pression sur les représentants de la nation pour ne pas discuter librement."
D'autres rassemblements réunissant au total plusieurs milliers de manifestants ont eu lieu à Lyon, Grenoble, Toulouse, Bordeaux, Marseille ou encore Rennes.
Mélenchon "est excessif"
Au total, 1.300 amendements ont été déposés pour cette loi, critiquée par notamment par La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, qui reproche à Gérald Darmanin d'être "l'exécutant des syndicats de police" : "Monsieur Mélenchon est excessif et file un mauvais coton, comme l'aurait dit ma grand-mère", a répondu le ministre, pointant "les propos extrêmement durs" de LFI "contre les policiers".