Les crèches de Noël, l'euro, Poutou : un débat interminable mais punchy

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© Lionel BONAVENTURE / POOL / AFP
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CE QU'IL FAUT RETENIR DU DEBAT - L'interminable débat de mardi soir mettant aux prises les 11 candidats à la présidentielle a donné lieu à des échanges vifs, voire tendus, et à des punchlines parfois savoureuses. 

Comme prévu, le deuxième débat de la campagne présidentielle, mardi soir, a été long, très long (3h56 précisément !), et parfois fastidieux. Ce n’est pas une surprise, puisqu’il mettait aux prises simultanément, sur Cnews et BFMTV, les 11 candidats à la présidentielle. Et, sans surprise non plus, la confrontation a donné lieu à des échanges parfois très vifs entre plusieurs des candidats. Sur la religion, sur l’Europe, sur les affaires notamment, les joutes ont été parfois spectaculaires. Notamment de la part des "petits" candidats, qui n’ont pas manqué cette occasion de briller.

1. Mélenchon et Arthaud taclent Le Pen sur la laïcité

Tout commence avec une proposition de Marine Le Pen. "J'inscrirais [en cas d'élection] dans la Constitution le droit de défendre notre patrimoine culturel et historique", assure la candidate du Front national, interrogée sur sa réforme des institutions. "Qu'est-ce que ça veut dire ?" lui demande Jean-Luc Mélenchon. "Ça veut dire que les crèches font partie de notre patrimoine culturel et historique", a répondu la présidente du FN. "Vous voulez mettre des symboles religieux dans nos mairies ? C'est ça votre laïcité ?", lui rétorque le député européen.

"60% des Français n'ont pas de religion. Fichez-nous la paix avec la religion. Nous ne sommes pas obligés de subir vos foucades, vos trouvailles, votre manière de nous imposer à tous une manière de vivre qui n'est pas la nôtre", tonne alors Jean-Luc Mélenchon. "Les crèches dans les mairies comme les sapins de Noël dans les écoles, tout cela, ça ne participe pas exclusivement de la religion, ça participe de nos racines. Les racines de notre pays, de notre culture...", soutient la présidente du FN. "Quelles racines ?", rétorque-t-il. "Où est-ce qu'elles vous poussent les racines ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?"

Après cet échange, Nathalie Arthaud rebondit. "On voit bien que la laïcité de Mme Le Pen, en réalité, c’est un paravent, une façon d’avancer sur votre racisme, votre xénophobie", lance la candidate de Lutte ouvrière. "Si on pouvait éviter les insultes", s’agace Marine Le Pen.  

2. Dupont-Aignan et Fillon s’écharpent sur l’Europe

Nicolas Dupont-Aignan - sixième dans les sondages, autrement dit le premier des "petits candidats"- avait décidé de cibler François Fillon pour tenter de lui grappiller des électeurs, mais l’ancien Premier ministre ne s’est pas laissé faire. En témoigne ce dialogue musclé quand il s’est agi de parler d’Europe.  "Qui peut vous croire, alors que votre gouvernement et toute votre carrière politique, vous avez signé…", débute Nicolas Dupont-Aignan, immédiatement coupé par François Fillon. "Nicolas Dupont-Aignan donne des leçons en permanence, mais la première fois que je l’ai rencontré, il était chef de cabinet de François Bayrou. Vous voyez qu’il est dans le système depuis assez longtemps", lance-t-il.

"Je n’ai jamais trahi mes idéaux et j’ai toujours refusé ces traités et je ne les ai pas signé", rétorque le candidat de DLF. "Vous ne l’avez pas signé parce que vous n’avez pas eu le pouvoir pour le faire ! Et vous ne l’aurez pas la prochaine fois non plus", cingle l’ex-premier ministre. "Prenez garde à ce que décideront les Français", prévient son adversaire.

3. Le moment Poutou

Parfois, Philippe Poutou a semblé s'ennuyer. Il s’est souvent tourné vers son camp pour discuter, et a même refusé de poser pour la photo d’avant-débat. Mais quand les affaires ont été évoquées, le candidat du NPA s’est enflammé. "François Fillon, plus on fouille plus on sent la corruption, la triche, ce sont des bonhommes qui nous expliquent qu'il faut la rigueur, l'austérité alors qu'ils piquent dans les caisses", a dénoncé un Philippe Poutou très en verve. "Ensuite, il y a aussi Mme Le Pen qui pique dans les caisses publiques. Pour quelqu'un d'anti-européen, ça ne la gêne pas de piquer dans les caisses de l'Europe", a poursuivi le candidat trotskiste, faisant allusion à l'affaire des députés européens du FN.

"En politique, on est servi depuis quelque temps", a encore ironisé Philippe Poutou. "Le FN se dit anti-système mais se protège grâce aux lois du système avec son immunité parlementaire et refuse d'aller aux convocations policières, donc peinard!", a-t-il lancé. "Nous, quand on est convoqué par la police, nous n'avons pas d'immunité ouvrière, on y va", a ironisé l’ouvrier chez Ford, suscitant des applaudissements dans la salle, les seuls de la soirée.

4. Macron et Fillon s’en prennent à Le Pen sur la sortie de l’euro

François Fillon et Emmanuel Macron ne sont pas d’accord, sur tout, loin s’en faut, mais mardi soir, les deux candidats à la présidentielle se sont brièvement retrouvés pour attaquer, tour à tour, la sortie de l'euro souhaitée par Marine Le Pen. "Ce que vous proposez, c'est la guerre économique", affirme l'ancien ministre de l'Economie, quelques minutes après une tirade de son adversaire. "Ce que vous proposez, c'est le nationalisme. Le nationalisme, c'est la guerre", lance-t-il. "Mme Le Pen, vous ressortez les mensonges qu'on entend depuis 40 ans, et qu'on entendait dans la bouche de votre père".

François Fillon prend ensuite le relais. "Elle va soumettre par référendum - et elle a parfaitement raison de le faire -, cette sortie de la monnaie européenne" aux Français, relève-t-il. "Comme on sait tous qu'il y a une immense majorité de Français qui ne veut pas de la sortie de cette monnaie européenne, ça veut dire qu'en réalité, il n'y a pas de politique économique de Mme Le Pen, car cette politique économique s'effondrera à la minute où les Français se seront prononcés sur cette sortie de la monnaie européenne", ajoute le candidat LR.

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