Selon lui, les Français ne se positionnent plus aujourd'hui systématiquement à droite ou à gauche. 3:02
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Clémence Olivier
Pour Bernard Sananès, politologue et président de l'institut de sondage Elabe, invité mercredi au micro de Wendy Bouchard, sur Europe 1, le clivage droite-gauche a aujourd'hui en partie disparu.

"Le clivage droite-gauche n'est pas mort mais il a été plus que chahuté". Mercredi, dans le Tour de la question sur Europe 1, Bernard Sananès, politologue et président de l'institut de sondage Elabe, a livré son analyse sur la façon dont le paysage politique français se redessine depuis quelques années. Selon lui, les Français ne se positionnent plus systématiquement à droite ou à gauche. "Aujourd'hui, on ne raisonne plus comme ça. Le clivage droite-gauche s'est dissous une première fois en 2017 avec le "en même temps" d'Emmanuel Macron et son duel face à Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. Mais ce clivage a disparu aussi dans le mouvement des 'gilets jaunes'", détaille le politologue. "Qui peut dire si à l'origine le mouvement des 'gilets jaunes' était de droite ou de gauche ? C'était une revendication pour le pouvoir d'achat, pour les questions fiscales. On y trouvait des électeurs qui avaient des préférences partisanes différentes".

"Je ne dis pas que le clivage droite gauche a disparu, bien sûr il existe des individus, des citoyens qui disent qu'ils sont de droite ou de gauche", nuance-t-il. "Il reste d'ailleurs des marqueurs comme les 35 heures, la question de la solidarité, les questions migratoires où il reste une vraie polarisation mais toute la politique ne s'organise pas autour de ces clivages".

 

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

Mondialisation, pouvoir d'achat

Aujourd'hui, "les clivages se font sur des thèmes nouveaux", assure Bernard Sananès qui cite le rapport des Français à la mondialisation ou le fait d'avoir l'impression d'avoir choisi sa vie ou non. "Pendant longtemps, l'ouverture des magasins le dimanche a été un débat très structurant entre la droite et la gauche", rappelle-t-il encore. "Mais finalement les raisons pratiques l'ont emporté. On ne rentre plus dans un sujet comme celui là en se disant je suis de droite ou je suis de gauche, on se demande si cela simplifie la vie ou pas".

Selon le politologue, la situation personnelle de chacun rentre ainsi davantage en ligne de compte : "Avant de raisonner sur des grands enjeux, il y a la pression du quotidien. Et aujourd'hui, la vraie coupure ne se situe pas entre la droite et la gauche mais entre les Français qui bouclent sereinement leurs fins de mois et ceux qui ne parviennent pas à le faire".