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Les manifestations contre les violences policières, orchestrées par plusieurs organisations de gauche, ont réuni 31.300 personnes ce samedi. En marge du cortège parisien, une voiture de police a violemment été attaquée. Une situation "préoccupante" selon l'universitaire et auteur Gilles Kepel, invité du Grand Rendez-vous Europe 1 / Cnews / Les Échos ce dimanche.
INTERVIEW

Va-t-on vers une légitimation de la violence à l'encontre des forces de l'ordre ? Alors que plusieurs dizaines de milliers de personnes ont participé à une marche pour dénoncer les violences policières - avec, entre autres, les proches du jeune Nahel et d'Adama Traoré, tous deux décédés à la suite d'une intervention policière - quelques incidents ont entaché les différents cortèges. À Paris, un véhicule de police a été violemment attaqué à la barre de fer, forçant un des policiers à son bord à sortir son arme pour mettre en joue ses agresseurs, masqués et vêtus de noir. 

"Un débat qui ne se fait plus dans notre société"

Cette scène, filmée, a été relayée sur les réseaux sociaux par le ministre de l'Intérieur lui-même pour dénoncer son caractère choquant. Pour Gilles Kepel, professeur des universités, auteur de Prophète en son pays et invité du Grand Rendez-vous Europe 1 / Cnews / Les Échos ce dimanche, cette violence "est le révélateur d'un débat qui ne se fait plus dans notre société, et de la prise en otage de celle-ci par des propos extrêmes". "Je suis très préoccupé sur la façon dont fonctionne et où est mené le débat démocratique aujourd'hui", confie-t-il au micro de Sonia Mabrouk, s'interrogeant sur la présence d'élus dans cette marche.

L'universitaire craint par la présence de ces élus et par l'organisation de telles marches une légitimation de la violence contre la police. "Et il faut faire attention car ça peut facilement déraper", rebondit-il. "Les gens sont partagés entre une véritable compassion et en même temps une inquiétude sur le devenir de la société et tout ça est propice à un grand nombre de tensions et c'est pourquoi la connaissance de ces phénomènes dans leur complexité et si important", analyse Gilles Kepel.

De plus, le calendrier veut que ce lundi débute à la cour d'assise spécialement constituée de Paris le procès de l'affaire de Magnanville, qui a vu la mort de deux policiers à leur domicile, poignardés en 2016 par un assaillant - aujourd'hui décédé - se revendiquant de Daesh. "Et je crois qu'il faut toujours se rappeler ce genre de choses, c'est-à-dire que à force de vouloir utiliser la violence contre la police, finalement on glisse assez facilement vers des événements de ce type et ça je crois que c'est particulièrement dangereux", conclut le professeur.