Législatives : quelles sont les raisons qui ont poussé les abstentionnistes à ne pas voter

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Ugo Pascolo
À l'avant-veille du second tour des élections législatives, la directrice du Think Tank "Destins communs", Laurence de Nervaux, revient sur l'enquête qu'elle co-signe "Dans la tête des abstentionnistes". Elle y détaille ce qu'elle appelle "la nouvelle équation de la contestation", qui réunit les principales causes qui ont poussé certains à ne pas aller voter. 

Comment expliquer l'abstention ? Après une élection présidentielle qui a failli entrer dans les annales avec 28,01% au second tour, le premier tour des législatives a constitué un record de ce point de vue. Moins d'un Français sur deux s'est déplacé dimanche dernier pour aller glisser leur bulletin dans l'urne. Et à l'avant-veille du second tour, malgré les nombreux appels des politiques de tous bords, rien ne permet d'assurer que plus d'électeurs potentiels se déplaceront. Mais comment expliquer un tel phénomène qui semble inarrêtable, tant il prend de l'ampleur à chaque scrutin ?

Une "nouvelle équation de la contestation"

C'est la question à laquelle Laurence de Nervaux, directrice du Think Tank "Destins communs", et co-autrice d'une enquête intitulée "Dans la tête des abstentionnistes" à chercher à répondre, en allant à la rencontre de multiples personnes qui ont fait le choix de ne pas s'exprimer électoralement. Pour elle, il faut aller au-delà du cliché de l'abstentionniste : un jeune pas très diplômé qui habite en banlieue. "Le point commun entre tous ces gens, c'est qu'ils sont dans ce que l'on a appelé 'une nouvelle équation de la contestation'", rapporte Laurence de Nervaux au micro d'Europe 1. Dans le détail, cette équation "combine une très profonde incertitude quant à l'avenir, un sentiment de complexité au quotidien, et plus largement un manque de lisibilité, un sentiment d'impuissance".

Des facteurs complexes qui, s'ils peuvent constituer un point de départ, ne sont pas une explication de l'abstention, puisque "ce sont des choses que les personnes qui votent peuvent aussi critiquer, partager, expérimenter". Le décrochement est donc à chercher du côté d'un "sentiment d'incertitude très profond, d'une très profonde défiance, et à ce manque de visibilité", affirme-t-elle, tout en précisant que "les abstentionnistes dans leur ensemble ne sont pas dans une indifférence totale vis-à-vis de la politique".

"Repenser une éducation à la démocratie"

Et si on a tendance à avoir une vision "à court terme" pour lutter contre l'abstention, Laurence de Nervaux, avance que la lutte contre l'abstention passe avant tout par des enjeux de fond. "Il faut travailler sur cette crise de confiance dans la politique, mais aussi dans les médias." Concrètement, selon la spécialiste, cela passe par "repenser une éducation à la démocratie qui intègre une éducation aux médias".