Législatives : non, Emmanuel Macron n'aura pas tous les pouvoirs

  • Copié
Antonin André, chef du service politique d'Europe 1 , modifié à
La droite et le PS alertent sur le danger d’un pouvoir hégémonique d’Emmanuel Macron face à la vague annoncée de députés en Marche! à l’Assemblée nationale.

La grande marche du macronisme serait en passe de piétiner toute opposition. Plus de résistance, plus de contre-pouvoir. À entendre les lanceurs d’alerte, Emmanuel Macron concentrerait tous les pouvoirs. Non seulement on est très loin d’une domination absolue de Jupiter - le président n’est pas le maître des cieux et des hommes comme le dieu de la mythologie romaine -, mais il est très très loin d’avoir tous les pouvoirs.

Une domination relative. Emmanuel Macron en a beaucoup moins que François Hollande en 2012 : majorité absolue à l’Assemblée nationale, majorité au Sénat, la quasi-totalité des régions, la majorité des départements et des  mairies. Il est beaucoup moins puissant que la droite en 1993 avec ses 472 députés, bien plus que ce qu’En Marche! peut espérer décrocher dimanche. À l'époque, la droite avait bien sûr la majorité au Sénat, 20 régions sur 25, les deux tiers des départements, le président n’a ni le Sénat, ni les régions, ni les départements, ni les villes.

Emmanuel Macron président aura une majorité absolue pour gouverner, la belle affaire ! Ça n’a rien d’exceptionnel et il lui reste beaucoup, beaucoup de combats électoraux à mener avant de devenir tout-puissant.

Une opposition garantie par la Constitution. Néanmoins, il existe un problème de représentativité de l’opposition à l’Assemblée : le FN et les Insoumis, malgré leur score respectif à la présidentielle, n'auront que peu de députés. Mais là encore, il y a des équilibres intangibles qui garantissent des droits à l’opposition : la moitié des questions au gouvernement sont réservées à l’opposition quel que soit son poids. La présidence de la très stratégique commission des finances revient à l’opposition, c’est une disposition constitutionnelle.

La parole des tribuns. Quant au frontistes et aux insoumis, certes ils auront sans doute peu de moyen, notamment s’ils n’atteignent pas la barre des 15 députés, le niveau nécessaire pour constituer un groupe, mais à l’Assemblée nationale, au-delà des moyens, il y a le pouvoir de la parole. La parole d’un Jean-Luc Mélenchon et celle d’une Marine Le Pen résonneront bien plus fort que celle de 10, 20 ou 30 députés méconnus réunis.