Les soutiens d'Emmanuel Macron visent à convaincre les abstentionnistes ou les partisans d'un vote blanc. 2:45
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Walid Berrissoul, Melanie Nunes et Marie Morley, édité par R.Da. , modifié à
Temps fort de la campagne de l'entre-deux-tours, le débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen était très attendus par les militants. Reportage dans chaque camp. 

Ils n’auraient manqué ce duel pour rien au monde. Les militants d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen se sont réunis en nombre, chacun de leur côté, pour suivre le débat d’entre-deux-tours entre leurs champions respectifs. Europe 1 a passé la soirée avec certains d’entre-deux. Morceaux choisis :

Pour les macronistes, Marine Le Pen veut tuer le jeu

À Paris les militants d’En Marche!, électrisés par la violence des échanges, applaudissent et huent à chaque saillie de Marine Le Pen. Dans l’assistance, l’un d’eux se demande si la stratégie de la candidate FN n’est pas de plomber le débat pour dissuader un maximum d’électeurs d’aller voter : "Peut-être qu’elle a joué l’appauvrissement et le dégoût. S’il y a beaucoup d’abstentionnistes, c’est son intérêt. Mais je pense qu’elle a tort, les Français sont un peuple très politique, donc ils se rendront aux urnes". Mehdi, lui, espère un électrochoc : "Par pitié, mobilisez-vous dimanche !", lance-t-il au micro d’Europe 1.

D’autres, comme Prisca, une militante de la Seine-Saint-Denis, guette les premiers signes. Elle a échangé toute la soirée des messages avec des abstentionnistes rencontrés quelques heures plus tôt. "Le premier candidat en Seine-Saint-Denis, c’est l’abstention. Mais il y a eu quelques chose auquel je ne m’attendais pas : quatre personnes m’ont écrit des SMS en me disant : ‘je vais aller voter, je ne voterai pas blanc’". À nouveau déployé jeudi matin, tracts à la main, ces militants affichent un objectif à J-4 du scrutin : que ceux qui veulent voter Macron par défaut soient un peu plus convaincus qu’ils ne l’étaient avant le débat.

Une candidate qui veut s'adresser à la France des oubliés, mais...

Dans la Marne, cette fois chez un groupes d’électeurs frontistes, le débat est à peine commencé que Baptiste allume la cafetière : "Je nous prépare du café pour supporter les paroles de Macron, on a l’impression d’avoir un vendeur de tapis". Elodie, aide-soignante au smic habite un petit village et pense que Marine Le Pen peut la sauver. "Elle s’occupe de nous. Elle parle de la Caf, elle a raison. Sans la Caf je ne peux pas vivre, il y a plein de petites communes qui perdent tout, les commerces ferment… Elle nous représente". Cette fan adhère également au discours sécuritaire de la candidate : "Je suis marié avec un militaire, il le dit : ‘surveiller la France comme ça, c’est super dur'". Elle ajoute : "Fermer toutes les mosquées radicales, ce sera déjà très bien !"

" Jusqu’à ma mort pour le Front national ! "

La préférence nationale que veut faire valoir la candidate est également un facteur d’adhésion : "Je suis inquiet pour mon avenir avec tous les étrangers, ceux des pays de l’est surtout, qui viennent prendre notre travail", explique Alexandre, un chauffeur-routier. "Jusqu’à ma mort pour le Front national, ça c’est clair et net !" Tous l’affirment, leur candidate a réussi son débat : s’adresser à leur France, celle des oubliés.

Mais à la fédération parisienne du FN, les soutiens de Marine Le Pen sont un peu plus mitigés sur sa prestation. "Elle a parlé de Dupont-Aignan, mais pas assez. Elle aurait du d’avantage mettre en avant Dupont-Aignan, ça aurait rallié davantage d’électeurs de Fillon. Elle a une grande marge de progression dans l’électorat de droite, grâce à Dupont-Aignan", martèle un militant en référence à l'accord gouvernemental passé entre la candidate et le président de Debout la France. "C’est évident qu’elle n’a pas donné toute sa mesure, mais je pense qu’elle n’avait pas le droit de le faire. Dans le cadre du débat, elle a dû rester tempérée et modérée pour être plus ou moins neutre et laisser le libre arbitre", avance une autre. Un troisième ajoute : "Je pense qu’elle aurait pu mieux faire, on a senti, au départ, qu’elle manquait un peu de fermeté, elle essayait peut-être de prendre la mesure du dialogue. Mais à la fin c’était tout à fait différent".

Et du côté des indécis ? 

Ce débat était également l’occasion de convaincre les indécis et les potentiels abstentionnistes. Dans un bar de Saint-Cloud, Europe 1 a suivi le duel télévisé avec plusieurs électeurs orphelins de François Fillon. Et la plupart ne sont pas restés insensibles au discours d’Emmanuel Macron. "Dès qu’il arrive dans le technique, dans le concret, il la surpasse ; sur les retraites, quand elle parle de son euro-ECU, elle n’est pas très crédible et il lui explique, par A plus B, comment ça fonctionne", explique l’un d’eux. Une ex-filloniste abonde : "Je le trouve tenace, il connait bien ses dossiers, et je me dis qu’à l’international, face à Poutine ou à Trump, on sent qu’il ne lâchera pas ses positions et qu’il saura défendre les intérêts de la France. C’est assez rassurant".

Un troisième cependant, se montre plus nuancé sur le leader d'En Marche!, même si la prestation de Marine Le Pen le laisse de marbre : "Ce n’est pas Macron qui est en train de me convaincre de voter pour lui, c’est plus Marine Le Pen qui est en train de me convaincre qu’il ne faut pas prendre le risque qu’un jour elle arrive au pouvoir, parce que je ne comprends pas ce qu’elle dit... tout simplement".