La visite de Macron à Ouvéa le 5 mai suscite la controverse

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La petite île d'Ouvéa a été le théâtre du paroxysme des violences entre indépendantistes kanak et loyalistes caldoches dans les années 1980. Ici un monument en mémoire aux victimes kanaks. © AFP
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avec AFP , modifié à
"Nous considérons que cette visite présidentielle est une vraie provocation", estime un collectif d'habitants d'Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie.

Un collectif d'habitants d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie a protesté lundi contre la venue le 5 mai d'Emmanuel Macron, trente ans jour pour jour après l'assaut de la grotte de Gossanah, qui avait fait 21 morts dont 19 indépendantistes kanak, ont-ils indiqué. 

"Une provocation". "Nous membres du 'Comité 30 ans' composé de membres des familles de victimes, de prisonniers politiques de 1988, de rescapés de la grotte, de porteurs de thé... protestons fortement contre la visite de Macron à Iaii (Ouvéa, ndlr) le 5 mai 2018", déclarent-ils dans un communiqué. "Nous considérons que cette visite présidentielle est une vraie provocation", ajoute ce collectif, estimant qu'Emmanuel Macron est "indésirable sur la tombe des 19 martyrs". "Il pouvait venir mais pas le 5 mai", a également déclaré Macky Wéa, l'un des responsables. Si le déplacement d'Emmanuel Macron se confirme, il sera le premier chef d'État à se rendre à Ouvéa. Sa venue interviendra à quelques mois du référendum sur l'indépendance, organisé le 4 novembre dans l'archipel. 

Des violences dans les années 1980. La petite île d'Ouvéa a été le théâtre du paroxysme des violences entre indépendantistes kanak et loyalistes caldoches dans les années 1980. Le 22 avril 1988, un commando indépendantiste avait attaqué la gendarmerie d'Ouvéa, tuant quatre gendarmes et en prenant 27 autres en otages. À la veille du second tour de l'élection présidentielle, le gouvernement du Premier ministre Jacques Chirac, en cohabitation avec François Mitterrand, avait ordonné un assaut militaire afin de libérer les otages, retenus dans une grotte enfouie dans la végétation. Il s'était terminé par un bain de sang : deux militaires tués ainsi que 19 kanak, dont certains exécutés d'une balle dans la tête. Après ce drame, indépendantistes et loyalistes avaient trouvé les chemins de la réconciliation et signé les accords de Matignon, le 26 juin 1988.