Damien Abad sur Europe 1 3:41
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Invité mercredi soir d'Europe 1, le président du groupe Les Républicains à l'Assemblée national Damien Abad dénonce "la grande reculade" du gouvernement sur la réforme des retraites. 
INTERVIEW

En dévoilant mercredi le contenu de la réforme des retraites, texte majeur du quinquennat, le gouvernement est parvenu à s'attirer le mécontentement de tous les partis d'opposition. Et parmi eux, Les Républicains, qui critiquent le manque de viabilité de ce projet "ni sérieux ni crédible", selon les mots du président de groupe à l'Assemblée nationale, Damien Abad, sur Europe 1, mercredi soir. Il dénonce "la grande reculade" de l'exécutif sur ce sujet hautement sensible, pour lequel les syndicats se mobilisent depuis maintenant une semaine.

LR pour une application "dès 2020"

Premier axe de critique des Républicains : le délai d'application de cette réforme. Pour Damien Abad, faire en sorte que la première génération de conducteurs de trains concernés par la réforme soit celle né en 1985 "veut dire qu'on reporte cette réforme aux calendes grecques". "On ne veut pas mettre de justice dans ce système et pire, on n'équilibre pas financièrement le système parce que le gouvernement n'a pas le courage de faire la seule mesure qui permette cet équilibre : repousser l'âge de départ à la retraite."

Les premières mesures de cette vaste réforme visant à uniformiser 42 systèmes de retraites en un seul entreront en vigueur en 2027. Trop tard, selon le patron des députés LR. "Il faut prendre ses responsabilités dès aujourd'hui et une application progressive mais immédiate", appelle-t-il. "Il faut que ça démarre dès 2020. Comment peut-on accepter qu'une loi qu'on va voter en 2020 n'aura ses premiers effets qu'en 2027, 2030 voire 2040 ?" Pour lui, c'est clair, "le président de la République n'a plus l'audace réformatrice de ses débuts."

Querelle sur l'âge de départ

Pour justifier "l'application immédiate" de cette réforme, qu'ils ne souhaitent pas, Les Républicains avancent la nécessité, selon eux, de remettre le système à l'équilibre. "Le Conseil d'orientation des retraites a dit qu'il y aurait entre 8 et 17 milliards de déficit en 2025. Si on ne fait rien, on prend 8 milliards de plus par an", anticipe Damien Abad. "Comme la réforme ne va pas s'appliquer avant 2027 ou 2030, il va y avoir 20 milliards d'euros de déficit. Comment peut-on garantir aux Français ce niveau de pensions avec un déficit de 20 milliards ? Vous êtes obligés d'augmenter les impôts ou de baisser les pensions."

Les Républicains dénoncent enfin le maintien de l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans, mais avec un âge d'équilibre qui permettra d'avoir une pension complète à 64 ans. "Notre fil rouge doit être la non-baisse des pensions pour l'ensemble des retraités", prône Damien Abad. "On préfère que tout le monde soit à 64 ans ou à 65 ans et qu'on n'ait pas de perte de revenus."