La réforme des retraites est-elle d'ores et déjà enterrée ?

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Jacques Serais , modifié à

Après avoir été balayée par la pandémie de Covid-19, l'épineuse réforme des retraites est à nouveau à l'ordre du jour gouvernemental. Emmanuel Macron l'a affirmé lundi 12 septembre : il veut relancer la mesure, et vite. Mais, comment ? Car le gouvernement ne dispose pas de majorité absolue à l'Assemblée. Et, le parti présidentiel est déjà divisé sur la question. 

C’est un serpent de mer qui divise la majorité présidentielle. La réforme des retraites doit-elle se faire le plus rapidement possible ? Et si oui, comment ? La Première ministre consulte les membres de son gouvernement. Et elle a donné rendez-vous aux chefs de groupes parlementaires mercredi à Matignon. 

"C'est une réforme qui s'impose"

La réforme pourrait-elle être enterrée pour le moment ? C’est la question que tout le monde se pose en Macronie. "C’est compliqué !", avoue un conseiller de Matignon. Emmanuel Macron a fixé le cap la semaine dernière : "C’est une réforme qui s’impose", selon lui. 

Mais voilà, le patron du Modem, François Bayrou , qui possède 49 députés dans l’hémicycle, allié de Renaissance, s’est dit opposé à tout passage en force. Et depuis, les voix dissidentes se multiplient jusque chez les marcheurs. Il y a une marge de manœuvre pour que la réforme entre en vigueur à l’été 2023. Et, il y a la possibilité pour l’exécutif de l’intégrer au Projet de loi de financement de la sécurité sociale. Mais à quel prix ?

Afficher une volonté réformatrice

Élisabeth Borne n’a aucune certitude d’obtenir la majorité sur un tel amendement. Elle n’aurait alors d’autre choix que de recourir à l’article 49-3 pour faire passer le texte sans débat. Une option qui signerait l’arrêt de mort du CNR, le Conseil national de la refondation . Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, menace d’en claquer la porte en cas de réforme à marche forcée.

Mais, Emmanuel Macron a-t-il vraiment envie d’aller au clash, en pleine crise inflationniste et énergétique ? Ce n'est pas si sûr. "Le spectre du passage par voix d’amendements a tout d’un ballon d’essai", décrypte un conseiller ministériel. Comme si l’enjeu pour Emmanuel Macron était davantage d’afficher sa volonté réformatrice pour mieux dénoncer la situation de blocage.