Valéry Giscard d'Estaing est décidé mercredi à 94 ans. 1:20
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Léa Leostic , modifié à
L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, ancien jeune giscardien, a rendu hommage à Valéry Giscard d'Estaing jeudi soir sur Europe 1. Il a salué la modernité d’un homme politique qu’il considère comme "un architecte politique", qui "construit les projets et bâtit l’avenir".
INTERVIEW

Valéry Giscard d'Estaing, ancien chef de l'État de 1974 à 1981, est décédé mercredi des suites du Covid, à l’âge de 94 ans. Jean-Pierre Raffarin, ancien jeune giscardien et secrétaire général de l’UDF, a confié son émotion au micro d’Europe 1 jeudi soir. "J’ai la gorge serrée et le cœur gros. 50 ans de notre vie, à nous les jeunes giscardiens, viennent de partir", a-t-il d’abord déclaré. "Son départ est forcément une cicatrice qui aura du mal à s’effacer."

"Il était typiquement un architecte politique"

L’ancien Premier ministre est revenu sur la modernité que voulait incarner Valéry Giscard d'Estaing. "J’ai souvent remarqué qu’il y avait deux grands schémas dans la vie politique : il y a les architectes et les médecins. Il y a ceux qui construisent les projets, qui bâtissent l’avenir, et puis il y a ceux qui sont auprès du malade, qui sont attentifs, qui protègent. Giscard était typiquement un architecte politique." 

Avec le droit de vote à 18 ans, le droit à l’IVG, le minimum vieillesse pour les seniors, Jean-Pierre Raffarin a estimé que VGE avait fait vivre la République française au "rythme de son temps". "Giscard restera un président réformateur", a-t-il complété.

"Giscard, c’était le printemps"

Jean-Pierre Raffarin a également partagé ses souvenirs : "Il faut se souvenir que la période du gaullisme se faisait automnale. Le Général de Gaulle avait vieilli, le Président Pompidou était malade, donc il y avait un besoin de printemps et Giscard, c’était ce printemps. Nous étions la génération du baby-boom qui était au fond la plus concernée par le besoin de renouveau", raconte-t-il.

Malgré sa modernité, VGE n’avait cependant pas l’image d’un homme accessible, comme cela a pu par exemple être le cas de Jacques Chirac. "Il y avait pour Giscard une sorte d’admiration. C’était un être exceptionnel qui n’avait pas de ressemblance avec le Français moyen. C’était quelqu’un de surdoué. Cette qualité le rendait exceptionnel et original. La proximité était plus complexe avec lui mais il y avait de l’admiration", a analysé Jean-Pierre Raffarin.

Giscard-Chirac : "l'entente la plus courte mais la plus fertile de la Ve République"

Jean-Pierre Raffarin a également été interrogé sur la relation entre VGE et Jacques Chirac, dont il a été le Premier ministre, de 2002 à 2005. Les deux hommes n’ont jamais caché leur inimitié et ont cultivé une rivalité politique tenace tout au long de leur vie.

"J’ai été Premier ministre parce que j’avais fait un parcours avec Jacques Chirac qui avait commencé par l’impulsion de Giscard. En 1995, quand j’entre au gouvernement, c’est à la demande de Giscard. Chirac et Giscard se sont entendus à deux reprises : pour faire élire Giscard et pour faire élire Chirac. Quand en 1995, monsieur Balladur veut essayer de prendre l’espace politique de Chirac et Giscard, ils se sont entendus", a raconté Jean-Pierre Raffarin.

"Au fond, je crois que l’entente entre Giscard-Chirac est sans doute, dans la Ve République, la plus courte mais la plus fertile puisqu’elle a fait deux présidents", a-t-il conclu.