Jean-Guy Talamoni regrette que "la démocratie ne s’applique pas à la Corse"

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M.Be.
Le président de l’Assemblée de Corse a affirmé mardi sur Europe 1 que si Emmanuel Macron n’entendait pas les revendications corses, "ce serait vécu comme une humiliation".
INTERVIEW

Le président de l’Assemblée de Corse, qui doit rencontrer Emmanuel Macron à Ajaccio mardi soir, ne compte pas minorer ses revendications, alors que le chef de l’État a exclu dans la matinée toute amnistie pour le commando corse qui a assassiné le préfet Claude Érignac il y a 20 ans. "Nous n’allons pas commencer par la question de l’amnistie qui est sans doute problématique vue de Paris, mais pour notre part, nous n’allons pas renoncer à une demande qui a été formulée par l’Assemblée de Corse et qui a été validée par les électeurs. Cela continuera à faire partie de nos demandes", a déclaré Jean-Guy Talamoni, invité d’Europe Soir mardi. 

"Nous allons continuer à dire que l’amnistie, la France y a eu recours un grand nombre de fois au 20ème siècle, et notamment pour des faits de collaborations gravissimes après la Seconde Guerre mondiale, après la guerre d’Algérie, également pour la Nouvelle-Calédonie et pour la Corse aussi. On sait très bien dans quel cas intervient l’amnistie, quand un conflit est terminé et le conflit corse est terminé tel que nous l’avons connu il y a 40 ans", avance encore le président de l’Assemblée de Corse.  

Évoquer la révision constitutionnelle. Selon ses dires, les élus nationalistes corses vont mettre de côté cette question de l’amnistie lors de leurs échanges avec le président mardi soir. "On doit commencer par les questions qui posent le moins de problème" et qui sont les plus "urgentes" en termes de chronologie, dit Jean-Guy Talamoni. "Une révision constitutionnelle est prévue à l'échelle de la France, et notre majorité demande qu’un dispositif spécifique pour la Corse soit inclus dans cette révision, de façon à ce que la Corse puisse déroger dans plein de domaines", détaille l’élu, qui rejette un simple "droit à l’expérimentation". "Nous savons que celui-ci ne permettra pas de régler les problèmes que rencontre la Corse dans le domaine foncier, fiscal, linguistique…"

" La Corse n'est pas une simple circonscription administrative "

"Tenir compte de la majorité absolue". Estimant que "la Corse n’est pas une simple circonscription administrative", Jean-Guy Talamoni ajoute que si Paris ne "tient pas compte de la majorité absolue de Corse, d’une majorité encore plus forte qui s’est manifestée il y a quelques jours (avec le soutien des élus locaux LREM, ndlr), des milliers de Corses qui ont manifesté à Ajaccio", "ça veut dire alors que la démocratie ne s’applique pas à la Corse et ça serait inacceptable. Cela serait vécu comme une humiliation par les Corses et on ne construit rien sur l’humiliation".

Et le président de l’Assemblée de Corse de tacler encore plus fort l’État français : "Nous allons faire le tour des capitales européennes pour dire ce qu’est la situation de la Corse, que la démocratie ne s’applique pas à la Corse, que la France qui donne des leçons de démocratie se comporte de cette manière dans notre pays." Selon Jean-Guy Talamoni, les Corses "vont continuer à défiler dans les rues et revendiquer le respect de la démocratie".