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Zoé Pallier, édité par Solène Leroux avec AFP , modifié à
L'agression a eu lieu à 22h30 vendredi, après un match de l'équipe locale de handball. Le groupe d'agresseurs a "frappé [l'élu] derrière la tête" pour ensuite lui administrer trois coups de couteau. Une enquête pour "tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique" a été ouverte samedi.

Une enquête a été ouverte samedi pour tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique après la violente agression la veille d'un adjoint au maire d'Ivry-sur-Seine, blessé au couteau, a indiqué à l'AFP le parquet de Créteil. Vers 22h30 vendredi, des élus de cette commune du Val-de-Marne sortaient d'un match de l'équipe locale de handball lorsqu'ils ont été la cible d'une "violente agression", a annoncé la mairie dans un communiqué. L'un d'entre eux a été pris à partie par une dizaine de personnes encapuchées, "qui l'ont frappé derrière la tête", le faisant chuter au sol pour ensuite le frapper de trois coups de couteau dans la cuisse, d'après le parquet.

L'agression a eu lieu au milieu de la foule qui sortait du match. Des habitants déjà usés par les nombreuses rixes entre jeunes. "Il y a quelques mois, on a malheureusement dû faire face à une fusillade où un jeune homme a été tué. Il y a eu un mort déjà et depuis, ça ne cesse de monter en pression", explique le maire d'Ivry Philippe Bouyssou à Europe 1. "Mon adjoint est un peu une cible symbolique, puisqu’il porte une vision pacifiée des rapports entre les jeunes."

Sur fond de rixe entre jeunes

Vendredi soir, le groupe d'agresseurs lançait "des menaces en disant 'tu tues des gens, on va te tuer toi'", a précisé le parquet. Deux proches de cet élu, dont un autre adjoint chargé des personnes âgées, ont été légèrement blessés en tentant de s'interposer. Le groupe d'une dizaine de personnes a pris la fuite. L'élu visé était l'adjoint chargé de la jeunesse, âgé d'une trentaine d'années, a indiqué à l'AFP le maire de la ville. Pris en charge par les secours, les trois blessés ont été hospitalisés brièvement, "choqués", a ajouté son directeur de cabinet.

"Selon les premiers témoignages recueillis, il semble que cet événement s'inscrive dans le cycle de violences entre les jeunes de différents quartiers qui dure depuis de trop longs mois à Ivry," écrit la municipalité dans son communiqué. Elle "condamne avec colère cette violence inacceptable" et appelle "les autorités à prendre la mesure de la gravité de ces faits, qui divisent Ivry et sa population". Le parquet de Créteil a confié l'enquête à la police judiciaire du Val-de-Marne.

Des agressions de plus en plus fréquentes

Ces incidents ne sont plus rares pour les maires. "On sent depuis plusieurs années une impatience du citoyen qui devient parfois irascible", affirme Jean-François Vigier, secrétaire général adjoint de l'association des maires d'Ile-de-France au micro d'Europe 1. "Nous sommes de plus en plus confrontés à des dérapages verbaux. Là ça atteint un niveau qui n'est plus acceptable." 70% des maires ont subi une agression physique ou verbale d'après l'association.

Jean-François Vigier, également maire de Bures-sur-Yvette en Essonne, avance deux raisons : le désengagement de l'État, notamment en matière de sécurité, qui pousse "le citoyen à se tourner vers l'élu le plus proche", mais aussi depuis quelques mois une "tentation de s'en prendre à tous les symboles républicains". Pour lui, les élus sont "en première ligne, au service de nos citoyens, mais nous ne sommes pas des cibles". Il appelle le ministère de l'Intérieur à suivre les douze propositions lancées par la majorité UDI-LR au Sénat "pour rendre plus efficaces les mesures de sécurité envers les maires". Ces dernières "doivent être mises en œuvre" avant que ces agressions ne deviennent une "règle" tacite.