Interview d'Emmanuel Macron à Valeurs Actuelles : "Les retours forcés sont difficiles à exécuter et coûtent aussi très cher", fait remarquer Jean-Noël Barrot

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Jean-Noël Barrot​, député Modem des Yvelines et rapporteur de la mission budgétaire "immigration", était l'invité de Matthieu Belliard pour Europe 1. Il revient sur certains propos d'Emmanuel Macron sur l'immigration dans son interview accordée à Valeurs Actuelles. 
INTERVIEW

Dans son interview accordé au magazine Valeurs Actuelles, et à propos de l'immigration, Emmanuel Macron a déclaré que son objectif était "de sortir tous les gens qui n'ont rien à faire là". Jean-Noël Barrot​, député Modem des Yvelines et rapporteur de la mission budgétaire "immigration", était l'invité de Matthieu Belliard pour éclaircir certains points au micro d'Europe 1, notamment sur les reconduites à la frontière. 

"Sur 100 décisions prises d'obligation de quitter le territoire français, seules 12 personnes en 2018 quittent le territoire", a-t-il rappelé, car le dispositif est difficile à exécuter. Trois raisons principales à cela selon lui : le pays d'origine ne souhaite bien souvent pas rapatrier les personnes; il est aussi plus difficile de procéder à une expulsion quand il s’agit de personnes déjà passées par d'autres pays d’Europe, et enfin "la rétention et l'expulsion des personnes ne marchent pas à tous les coups car les personnes n'ont pas forcément envie de quitter le territoire". 

Une incitation financière au retour

Le député a démontré dans ses travaux qu'une incitation financière au retour pourrait être plus efficace. "Les retours forcés sont difficiles à entreprendre et coûtent aussi très cher", affirme Jean-Noël Barrot, d'après qui l'incitation, notamment pour les ressortissants de pays soumis à visa, reviendrait 6 fois moins cher. Quant à l'efficacité, elle inciterait les pays réticents à rapatrier leurs ressortissants. Et pour ces derniers, revenir avec un "pécule financier" faciliterait la réinsertion et le retour ne s'assimilerait plus à un échec. Elle est beaucoup plus utilisée "dans d'autres pays européens". 

Quant à la question des visas (Emmanuel Macron a mis en garde les pays qui refuseraient les rapatriements en évoquant le possible refus de la France à l'avenir de délivrer des visas à ces pays), le député a souligné que des discussions avaient lieu avec ces Etats pour  "les convaincre de reprendre leurs ressortissants", et que "tous les outils" pouvaient être utilisés dans la négociation. La France a par ailleurs selon lui "entamé un certain nombre d'efforts pour aider des pays à mettre en place un Etat civil, première étape vers une coopération plus active".