EXCLUSIF - "Gilets jaunes" : "On a sorti la machine à baffes pendant trois heures", témoignent deux élus qui ont rencontré Macron vendredi

Le maire Karl Olive, à gauche, avec Emmanuel Macron, vendredi à l'Elysée.
Le maire Karl Olive, à gauche, avec Emmanuel Macron, vendredi à l'Elysée. © DR
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Le président de la République a rencontré vendredi une quinzaine d'élus locaux à l'Elysée, selon les informations d'Europe 1. Les maires Karl Olive et Arnaud Péricard racontent cet entretien sans filtres.
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Emmanuel Macron poursuit ses consultations avant de s'exprimer pour la première fois depuis le début du mouvement des "gilets jaunes", normalement en début de semaine prochaine. Selon les informations d'Europe 1, le président de la République a reçu une quinzaine d'élus locaux, vendredi à l'Elysée. Karl Olive, maire de Poissy, et Arnaud Péricard, maire de Saint-Germain-en-Laye, ont raconté cet entretien sans filtres. "On a sorti la machine à baffes pendant trois heures", a déclaré Arnaud Péricard, samedi soir sur Europe 1. 

Les 80 km/h et la baisse des APL, "une connerie". "J'ai trouvé qu'il était dans un état d'esprit combatif. On a envie que le pays réussisse. On l'a mis à la machine à baffe pendant trois heures. Il a accepté cette règle du jeu et de répondre à nos questions. Le président a répondu de manière cash. Il a dit que les 80 km/h était une 'connerie'. On a beaucoup parlé de la baisse des APL, et il a aussi dit que c'était une 'connerie'", a poursuivi Arnaud Péricard. 

 

"Trop d'impôts et de taxes". Emmanuel Macron a également répondu aux questions des élus sur l'augmentation des taxes, notamment sur le carburant, l'une des préoccupations premières des "gilets jaunes". "Il disait qu'il y avait trop d'impôts et trop de taxes dans ce pays", a certifié Arnaud Péricard. "Tout le monde est conscient que cette compilation de taxes supplémentaires est inappropriée par rapport à la dure réalité du terrain. Il faut trouver des solutions à travers la concertation, notamment via les maires", a ajouté Karl Olive. 

"C'était cash". Les deux élus, tous deux membres de l'association "Génération terrain", qui regroupent des élus des Yvelines de tous bords, ont également dévoilé les coulisses de cette réunion. "Nous n'étions que des élus locaux. C'était cash. On venait pour faire remonter ce qu'on ressent. Depuis septembre, ça se tend", a estimé Arnaud Péricard. "On a aussi parlé de sa manière d'être et de sa communication. On lui a dit qu'il y avait certaines phrases parfois malheureuses et à ne pas prononcer. Il nous a dit en être conscient."

"Monsieur le président, votre méthode est catastrophique". "Il y a eu une première partie ou chacun des intervenants s'est exprimé sans qu'il ne soit interrompu par le président, qui prenait des notes. On a thématisé avec l'ensemble des collègues, sur la ruralité, le prétendu contrat gagnant-gagnant, le matraquage fiscal… On lui a dit : 'Monsieur le président, votre méthode est catastrophique'", a assuré Karl Olive, qui a été à l'initiative de cette rencontre avec le président. 

"J'ai envoyé un SMS à Emmanuel Macron après les incidents du week-end dernier, en lui demandant quand il irait sur le terrain. Il m'a appelé deux jours plus tard, pour me demander comment on sentait le terrain, et ce qu'on proposait. Nous souhaitions le voir directement, sans filtres. Nous avons obtenu 80 contributions d'élus. On devait rester deux heures, ça a duré presque 3h30".