Nicolas Sarkozy publiera son nouveau livre intitulé "Le temps des combats" le 22 août. 1:35
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Louis de Raguenel et Alexandre Chauveau / Crédit photo : MATTHIEU MIRVILLE / DPPI VIA AFP , modifié à
L’ancien président publie le 22 août "Le temps des Combats", deuxième volet de ses mémoires. Il y évoque son quinquennat, entre 2009 et 2011 et revient notamment sur le discours de Grenoble, où il avait fait le lien entre délinquance et immigration. Il glisse aussi quelques mots ses relations avec les autres chefs d’Etats, dont Barack Obama.

C’est l’un des événements de cette rentrée littéraire. Nicolas Sarkozy publiera le 22 août Le temps des combats, publié chez Fayard, second tome de ses mémoires. 560 pages, dont deux cahiers de photos, au cours desquelles l’ancien président relate son quinquennat entre 2009 et 2011. "J’ai voulu prendre le lecteur par la main, lui faire vivre ces années à l’Élysée comme s’il avait été à mes côtés tout au long de ces évènements", précise la quatrième de couverture. 

Le discours de Grenoble : "Mon 'crime', ce jour-là, avait été de lier les sujets de délinquance et d’immigration"

Nicolas Sarkozy revient notamment sur le discours de Grenoble, prononcé le 30 juillet 2010 qui fut l’objet de polémiques. Après une nuit d’émeutes impliquant la communauté des "gens du voyage", l’ancien locataire de l'Élysée annonçait le démantèlement de la moitié des campements illégaux de Roms, et se prononçait en faveur de la déchéance de de nationalité pour les étrangers ayant porté atteinte à la vie d’un fonctionnaire. "Mon 'crime', ce jour-là, avait été de lier les sujets de délinquance et d’immigration. Cela n’avait rien d’original et encore moins de choquant, sauf pour les tartuffes innombrables qui s’obstinaient à nier les évidences", écrit Nicolas Sarkozy. 

"Un véritable mur de protestations outrées s’éleva d’un même élan. […] Cette fois-ci, c’était clair, j’avais pour mes opposants repris la rhétorique de l’extrême droite. Ainsi, aux dires du journal Le Monde, je violais même la charte sur les droits de l’enfant, dont la France était signataire et qui prévoyait que tout enfant avait le droit d’acquérir une nationalité. La conclusion était énoncée, sans nuance et sans finesse, par le président de la Ligue des droits de l’Homme, l’obscur Michel Tubiana. Avec le discours de Grenoble, j’étais celui qui attisait la haine contre les étrangers, soupçonnés de 'venir manger notre pain'. Il poursuivait en m’accusant de reprendre 'les vieux refrains racistes et antisémites des années 1930'. Tout cela était bien sûr asséné au nom du camp de la raison, de la modération et de la République !", poursuit-il. 

L'ancien chef d'État reprend : "Je me demandais sincèrement comment il était possible de se trouver aussi déconnecté de ce que pensaient et vivaient les Français. Ces déclarations et ces comportements les ont exaspérés bien davantage que les commentateurs ou les sondeurs ont pu le dire.  Ils ont préparé et dopé la montée des comportements populistes et brutaux. Ils ont poussé à l’abstention de nombreux électeurs qui ne se reconnaissaient plus dans ce qu’ils voyaient et ce qu’ils entendaient de la classe politique. Le bilan est désastreux pour la démocratie, pour l’humanisme sincère et pour les immigrés, de plus en plus victimes du rejet et de l’incompréhension". 

Gérald Darmanin, "L’un des plus prometteurs de sa génération"

Nicolas Sarkozy s’exprime aussi sur Gérald Darmanin, son successeur place Beauvau, en qui il voit également un potentiel prétendant à l’Elysée. "Saura-t-il franchir une autre étape, voire l'étape ultime, celle qui mène à la présidence de la République ? Je le lui souhaite, car il a des qualités évidentes : une clarté dans l'expression, le sens et la compréhension des aspirations populaires et l'énergie sans laquelle aucun talent n'est utile. J'ajoute que j'aime son parcours atypique. [...] Gérald Darmanin n'est pas moi. Je ne suis pas lui. Mais nous sommes amis, et son succès me ferait plaisir… Il est, en tout cas, l'un des quadragénaires les plus prometteurs de sa génération", estime-t-il. 

L’affaire Lola : "Macron a eu raison de recevoir ses parents"

Autre sujet abordé par Nicolas Sarkozy, l’affaire Lola, du nom de cette jeune adolescente de 12 ans, assassinée par Dahbia B. le 14 octobre 2022. Dans Le temps des combats, l’ancien chef de l’Etat fait le parallèle avec l’affaire Marie-Christine Hodeau, cette assistante maternelle assassinée en 2009 dans l’Essonne. "La détresse de cette famille m’habite encore aujourd’hui. On m’accusa à l’époque d’avoir été trop émotif, de surréagir à l’actualité, d’utiliser un fait divers, d’instrumentaliser les victimes. Et pourtant, qu’aurais-je dû faire ? Demeurer froid, indifférent, distant, comme si le fait d’être président de la République aurait dû me déshumaniser ? Je referais la même chose aujourd’hui. C’est pourquoi j’ai approuvé la décision du président Macron de recevoir les parents de la petite Lola si sauvagement assassinée à son tour. C’était son devoir. Il a eu raison". 

Barack Obama : "J'avais du mal à lui pardonner une telle absence de conviction sur un sujet si grave"

À propos de Barack Obama, son homologue à la Maison-Blanche, qui n’avait pas été tendre avec lui dans ses mémoires publiées en 2020 – le comparant notamment à "un personnage sorti d’un tableau de Toulouse-Lautrec" - Nicolas Sarkozy dépeint une relation en demi-teinte. L’ancien président revient sur la désignation du Danois Anders Fogh Rasmussen comme nouveau secrétaire général de l’OTAN en 2009. Une décision que la Turquie avait tentée de bloquer, après les publications des caricatures de Mahomet au Danemark. 

"Cela m'a aidé à ouvrir les yeux sur l'importance que les Américains attachaient à la Turquie, et jusqu'où ils étaient prêts à aller pour aider leur ami [Recep Tayyip] Erdogan. (...) Barack Obama était disposé à céder ou du moins... à laisser passer quelque temps. Angela Merkel et moi-même lui avons opposé un front uni jusqu'au bout de la nuit tant nous étions certains de la portée civilisationnelle de ce symbole. Ni elle ni moi n'étions disposés à céder à la menace. Renoncer à cette nomination, c'était accepter le diktat des fatwas. Le camp de la raison l'emporta. De ce jour, mes relations avec Obama ne furent jamais plus les mêmes. J'avais du mal à lui pardonner une telle absence de conviction sur un sujet si grave". 

Nicolas Sarkozy dédicacera son nouveau livre le 22 août à La Baule, ville dirigée par Franck Louvrier, qui fut son conseiller à l’Elysée pendant cinq ans.