L'affaire a été très médiatisée au Maroc. 1:28
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Thibaud Hue (envoyé spécial à Casablanca, au Maroc), édité par Ophélie Artaud
Alors que le Conseil d'État a validé son expulsion, le Maroc vient de suspendre le laissez-passer consulaire de l'imam Hassan Iquioussen, recherché depuis mardi. Rabat a décidé d'opter pour la prudence car le sujet a été fortement médiatisé dans le pays. Pour beaucoup, c'est à "la France de trancher cette affaire".

Les heures passent et toujours pas de nouvelles d'Hassan Iquioussen. L'imam est recherché depuis mardi, c'est-à-dire depuis que le Conseil d'État a validé son expulsion. Où est-il passé ? Peut-être en Belgique... C'est l'hypothèse retenue par les autorités. Mais son interpellation ne résoudra pas tout puisqu'il faudra pouvoir le renvoyer au Maroc. Et c'est là que l'affaire se complique. Le Maroc vient de suspendre le laissez-passer consulaire qui devait permettre justement son expulsion.

"Il faut que chacun prenne ses responsabilités"

Ce qu'il faut comprendre, c'est que le Maroc avait espoir, en donnant son feu vert, d'apaiser ses relations tendues avec la France, surtout depuis que les obtentions des visas français ont été restreintes. Mais la cavale du prédicateur et sa forte médiatisation ont mis le feu aux poudres. Rabat opte finalement pour la prudence : demi-tour avant que l'affaire ne s'emballe trop et devienne un sujet délicat de politique intérieure. Selon des sources proches du dossier, ici au Maroc, on a eu peur que ce laissez-passer ne devienne une véritable humiliation.

Surtout parce que l'imam Iquioussen est né en France, il a vécu toute sa vie et n'est que très rarement retourné dans son pays d'origine. Quant aux Marocains, la plupart soutiennent la décision de Rabat. Bachir, un restaurateur casablancais, est soulagé que le Maroc mette fin à la procédure. "Le Maroc, ce n'est pas une poubelle. C'est un citoyen marocain et français. Il a vécu presque les trois quarts de sa vie en France. Sa famille est là-bas. C'est le problème de la France. C'est la France qui doit trancher cette affaire."

Les habitants de Casablanca suivent l'affaire de près

Mohamed, lui, voit encore plus loin. Selon lui, ce refus va faire jurisprudence et empêcher toute future tentative d'expulsion depuis la France vers le Maroc. "La France veut se débarrasser de tout ce qui est mauvais là-bas. Mais on ne peut pas, parce qu'au Maroc aussi, si on veut se débarrasser de tout ce qui est mauvais, ça va être vide aussi. Il vaut mieux que chacun prenne sa part de responsabilité, peut-être qu'en le réintroduisant et lui en donnant une bonne formation, il va être un bon élément...", avance-t-il.

Depuis ce retournement de situation, ces habitants de Casablanca s'intéressent à cette affaire qu'ils vont suivre de près. En attendant de savoir quand et surtout où Hassan Iquioussen sera interpellé puis arrêté.