Harcèlement sexuel : quand la classe politique fait l'autruche

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Antonin André avec C.R-D , modifié à
L'embarras de classe politique suire à l'affaire Baupin témoigne de l'omerta qui règne quant au harcèlement sexuel au sein des partis politiques. 

Des accusations de harcèlement sexuel visent depuis lundi le député EELV Denis Baupin. Le député de Paris conteste les faits, qui embarrassent le monde politique, et ce jusqu'à l'Elysée : Denis Baupin est l'époux de la ministre du logement Emmanuelle Cosse. A l'époque de certains faits, la nouvelle venue du gouvernement était déjà à la tête d'Europe Ecologie-Les Verts. Et dans la classe politique, de l'Elysée aux partis, le réflexe est le même : espérer qu'on passe rapidement à autre chose. 

Sphère privée. "Cela ne nous concerne pas", tranche ainsi dans un commentaire lapidaire l'Elysée, qui précise que le chef de l'Etat n'a eu aucun contact avec la ministre et n'a pas l'intention d'en avoir à ce sujet. Pour François Hollande, les accusations qui visent le mari d'Emmanuelle Cosse relèvent du privé. Et le message est le même du côté du Matignon : "cela relève du privé".

Seulement, certains élus écologistes, tels Yves Contassot, affirment qu'Emmanuelle Cosse, alors secrétaire nationale d'EELV aurait imposé à l'époque la loi du silence. Elle aurait même interdit le débat sur le sujet précis du comportement supposé déplacé de Denis Baupin. La ministre du Logement dément toutefois fermement cette version. Une dénégation sans laquelle elle devrait, au nom de l'exemplarité, principe intangible fixé par François Hollande, sortir du gouvernement.

Malaise en politique. Au delà de l'exécutif, le malaise est tangible dans l'ensemble de la classe politique. A l'Assemblée nationale, les députés et député-es ne se bousculent pas pour parler du cas Baupin ou même du harcèlement sexuel dans les partis politiques, comme si tous espéraient que cela reste dans la sphère privée. Au sein des partis politiques, le repli est même immédiat. La secrétaire nationale du PS chargée du droit des femmes affirme par exemple qu'il n'y a pas de système de prévention des harcèlements au sein du parti. Au PS, affirme même cette cadre du parti, aucune trace de harcèlement.

Mais EELV pourrait-il véritablement être le seul parti en cause et que tous les autres partis soient des parangons de vertu ? Chez Les Républicains, il n'y a pas de poste dédié aux droits des femmes, et le premier réflexe d'un porte-parole, interrogé par Europe 1, est de dire : "attention de ne pas confondre tribunal judiciaire et tribunal médiatique", dans une forme d'embarras et de mutisme.

La loi du silence, contrairement aux déclarations de principe, reste écrasante. La classe politique fait l'autruche, en espérant que surtout, l'omerta ne soit pas brisée.