Hervé Morin 1280 3:40
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Romain David , modifié à
Pour le président de la région Normandie, invité de la matinale d'Europe 1, l'échec du "grand débat" voulu par Emmanuel Macron pourrait donner lieu à une dissolution de l'Assemblée nationale.
INTERVIEW

Les Français devront encore attendre jusqu'à lundi avant de poster sur le site du gouvernement leurs contributions dans le cadre du "grand débat national". "Ce débat est nécessaire, et c'est la dernière chance pour rendre le quinquennat utile", a averti Hervé Morin, le président de la région Normandie, jeudi au micro d'Audrey Crespo-Mara dans la matinale d'Europe 1.

Un risque de dissolution. "Soit le président arrive à combler le fossé qui existe avec les Français, soit, au bout de ce débat, il y a une énorme déception et il ne restera plus qu'une solution : une dissolution, le retour aux urnes et les Français qui reprennent leur destin en main", prédit encore cet ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy. Dans l'hypothèse d'un échec du dialogue qui doit s'ouvrir entre les Français et les élus, Hervé Morin imagine qu'"il y aura au minimum […] une évolution du gouvernement, ou le retour aux urnes si la paix et le calme ne reviennent pas dans le pays."

 

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La "modestie" du président. Surtout, celui qui est également président de l’association Régions de France appelle le pouvoir a remettre les corps intermédiaires au cœur de la décision politique. "On a eu un exécutif qui, pendant quinze mois, ne nous a pas calculés", relève-t-il. "Je suis heureux de voir que le président jupitérien, maître du temps et des horloges, ait trouvé la modestie de s’asseoir au milieu des maires, de prendre des notes et de poser des questions", ironise-t-il, alors qu'Emmanuel Macron a officiellement lancé mardi le "grand débat" depuis Grand Bourgtheroulde, en présence de 600 maires normands.

"On a une fracture qui est gigantesque". "Il a été bon", concède Hervé Morin. "Tout le monde connait les qualités de débatteur et de séducteur de chef de l'Etat. Mais je n'ai jamais entendu autant de haine à l'égard du président de la République […] Là, on a une fracture qui est gigantesque", s'inquiète-t-il. "On a un exercice obligatoire qui est de revenir au contact des Français et les maires ruraux, les maires des petites communes, sont des médiateurs pour le gouvernement dans le cadre de ce mouvement."

Une synthèse nationale. Pour cet élu, il est essentiel que les contributions au "grand débat" se répercutent à tous les échelons de l'Etat. "Ce que nous croyons, c'est qu'à coté de ce débat national il doit y avoir une grande conférence territoriale et sociale qui réunit l'ensemble des corps intermédiaires pour commencer à bâtir une synthèse qui va être compliquée", propose Hervé Morin. Et d'avertir : "s'il y a de la déception, le chaos reprendra de plus belle."