"Grand débat national" : la fiche pédagogique très politique du gouvernement sur la fiscalité

  • Copié
Anne-Laure Jumet, édité par Romain David , modifié à
Les pages consacrées à la fiscalité sur le site gouvernemental du "grand débat national" mettent d'abord l'accent sur le rôle de l'impôt dans le financement de la protection sociale. Et par conséquent sur la difficulté de baisser les prélèvements. 
ON DÉCRYPTE

Le gouvernement a mis en ligne mardi soir le site dédié au "grand débat national" voulu par Emmanuel Macron. Les Français pourront y apporter leurs contributions à partir de lundi. Mais on peut d'ores et déjà y trouver les documents établis par le gouvernement pour aider à la réflexion sur les quatre thématiques définies. Parmi elles, figure la question sensible de la fiscalité et des dépenses publiques. Une fiche pédagogique sur le sujet est disponible, mais à y regarder de plus près, elle est surtout très politique.

Que réclamaient les Français dans les cahiers de doléances... en 1789 ?

La protection sociale, premier poste de dépenses. À ceux qui veulent baisser les impôts, le gouvernement rappelle qu'il faudra nécessairement tailler dans la dépense publique, et que ce genre de coupe est loin d'être simple. La fiche de présentation du débat sur la fiscalité indique ainsi que sur 1.000 euros de dépenses publiques, plus de la moitié - soit 575 euros - financent la protection sociale. Et si on prend les principaux postes de dépense, on a dans l'ordre : les retraites, l'assurance maladie et l'éducation.

À l'inverse, les dépenses liées au fonctionnement de l'Assemblée nationale, du Sénat et du gouvernement ne représentent que 0,1 % du total. Une manière de signifier que la réponse à la dépense publique ne se trouve pas dans la baisse des revenus des élus et des membres de l'exécutif.

Des marges de manœuvre limité. Suivent ensuite une série de questions un brin orientées : "Afin de baisser les impôts et réduire la dette, quelles dépenses faut-il réduire en priorité ? Celle de l'Etat, des collectivités territoriales, ou les dépenses sociales ?" Ou encore : "Parmi les dépenses de l'Etat et des collectivités territoriales, dans quel domaine faut-il avant tout faire des économies ? Education, transports, défense, sécurité, logement, environnement ou autres ?" Bref, de quoi montrer qu'une fois rentré dans le détail, il n'est pas facile de dégager des marges de manœuvres sans toucher à des services publics et des prestations sociales.

Enfin, ce document montre aussi que la progressivité des impôts et les prestations sociales aident à réduire les inégalités. Le niveau de vie de 20 % des Français les plus pauvres a augmenté de près de 75 % grâce à la redistribution, fait valoir le gouvernement.