"Gilets jaunes" : l'exécutif "fait une faute politique en choisissant la réponse sécuritaire"

Manuel Bompard a manifesté avec les "gilets jaunes", samedi à Toulouse.
Manuel Bompard a manifesté avec les "gilets jaunes", samedi à Toulouse. © Europe 1
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Manuel Bompard, directeur des campagnes de la France Insoumise, demande sur Europe 1 à Emmanuel Macron de ne pas faire le choix du "pourrissement" du mouvement des "gilets jaunes".
INTERVIEW

Manuel Bompard était, samedi dans les rues de Toulouse, pour manifester avec les "gilets jaunes". Comme sur les Champs-Elysées, la manifestation dans la ville rose a donné lieu à de nombreux débordements. "Il y a de la déception que la situation conduise à une hausse des tensions. Personne ne peut souhaiter ou approuver le fait que des actes aussi violents soient commis", estime le directeur des campagnes de la France Insoumise, invité de Philippe Vandel sur Europe 1.

"Mais une fois que l'on a passé ça, je pense qu'il ne faut pas changer la nature du message exprimé depuis plusieurs semaines. Un message de colère face à la politique du gouvernement. Dans la grande majorité, les 'gilets jaunes' sont des personnes qui se sont mobilisées avec la volonté d'avoir un changement de politique. Le gouvernement, en n'y répondant pas, en choisissant la réponse sécuritaire, la montée en tension, a fait une faute politique", enchaîne Manuel Bompard. 

Entendu sur europe1 :
Si le gouvernement n'est pas capable, qu'il en revienne aux urnes

Les manifestations de samedi ont donné lieu à 412 interpellations, et près de 300 personnes seront déférées devant la justice. Au-delà de la réponse sécuritaire, Emmanuel Macron a demandé au Premier ministre Édouard Philippe de recevoir à partir de lundi "les chefs de partis représentés au Parlement ainsi que des représentants des manifestants". Mais le directeur des campagnes de la France Insoumise n'attend pas grand chose de ce rendez-vous.

"Nous y participeront. C'est normal dans une démocratie apaisée de pouvoir discuter avec le Premier ministre ou le président de la République. Maintenant, il ne s'agit pas de participer à une nouvelle mise en scène qui serait celle du pouvoir pour ne toujours pas répondre aux revendications. Le choix [de l'exécutif] c'est celui du pourrissement, ou du recul. Il ne veut pas supprimer la taxe sur les carburants car il y a des problèmes budgétaires ? Ils peuvent revenir sur la suppression de l'impôt sur la fortune, c'est le même montant. S'il n'en est pas capable, qu'il en revienne aux urnes", réclame Manuel Bompard.

Entendu sur europe1 :
Le pourrissement, c'est de ne pas répondre aux revendications qui s'expriment

Que faut-il donc entendre par "pourrissement" ? Le terme est répété à plusieurs reprises par les membres de la France insoumise, dont Jean-Luc Mélenchon. Accusent-il le gouvernement de laisser faire les violences pour décrédibiliser le mouvement et justifier des mesures de répression ? "Je ne tombe pas dans la théorie du complot. Le pourrissement, c'est de ne pas répondre aux revendications qui s'expriment et aller dans un dispositif sécuritaire toujours plus massif. C'est chercher à réduire le messages à quelques casseurs. Il ne faut pas répondre uniquement en allant sur les plateaux, en montrant des images impressionnantes", répond Manuel Bompard. 

Et de conclure, sur le fond : "il n'est pas logique de faire payer les plus modestes qui n'ont pas d'alternatives. Je ne connais pas une personne qui va arrêter de prendre sa voiture à cause de la hausse des prix du carburant. Le gouvernement a mobilisé 40 milliards d'euros de crédit d'impôt pour faire baisser les cotisations payées par les entreprises. Prenons cet argent pour financer la Transition énergétique".