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Le député européen Geoffroy Didier (LR) a justifié le rejet de la candidature de Sylvie Goulard au poste de commissaire européen, jeudi soir, sur Europe 1.
INTERVIEW

C’est un revers cinglant pour Emmanuel Macron. La candidature de Sylvie Goulard à la commission européenne, soutenue par le président de la République, a été rejetée à une large majorité par le Parlement européen. L’eurodéputé Les Républicains (LR) Geoffroy Didier a justifié ce vote, jeudi soir, sur Europe 1. "Le choix de Sylvie Goulard était un mauvais choix", a jugé le secrétaire général délégué de LR. "Il y a une présomption d’innocence qui est sacrée, mais Emmanuel Macron a pris un risque en présentant un profil considéré comme contestable par beaucoup de partis politiques", a poursuivi Geoffroy Didier.

Sylvie Goulard, ancienne ministre de la Défense d’Emmanuel Macron, fait l’objet de deux enquêtes, une par la justice française et une par l'office anti-fraude de l'UE (Olaf) sur sa participation à un système d'emplois fictifs présumés pour son ancien parti centriste, le MoDem. 

"Emmanuel Macron va devoir apprendre la démocratie" 

Emmanuel Macron a vivement réagi au rejet de cette candidature, évoquant "ce qui s'est joué de ressentiment, peut-être de petitesse" dans le vote des eurodéputés. Geoffroy Didier a répondu au chef de l'État, lui demandant "d'apprendre la démocratie". "C’est une réalité démocratique. Il y a eu un vote transpartisan, démocratique, en défaveur de la candidate française. Ce sont des procédures démocratiques, je n’ai pas compris pourquoi Emmanuel Macron a traité ce vote de ‘petitesse’, alors qu’il existait des doutes substantiels sur l’intégrité de Sylvie Goulard", a jugé l'eurodéputé LR. 

"Il va falloir qu’Emmanuel Macron apprenne la démocratie et les procédures européennes, qu’il apprenne qu’il peut subir des revers. J’ai été stupéfait par la réaction de la ministre des Affaires européennes, qui a considéré que poser des questions à Sylvie Goulard est d’être d’extrême droite. Dans une démocratie moderne, les élus contrôlent ceux qui sont nommés", a appuyé Geoffroy Didier.

Des "risques de conflit d'intérêt" 

L'eurodéputé LR a ensuite expliqué les raisons de son vote. "Être mise en examen ne vaut pas condamnation, mais ce n’est pas pour ça que j'ai rejeté cette candidature. Sylvie Goulard a accepté de représenter des intérêts américains quand elle était eurodéputée, avec une rémunération deux fois plus importante que celle de députée européen. C’est ce risque de conflit d’intérêt qui a convaincu un grand nombre de députés de la rejeter aujourd’hui", a-t-il soutenu. 

Geoffroy Didier fait référence aux activités de Sylvie Goulard ayant justifié d'importantes rémunérations obtenues entre 2013 et 2016 de l'institut Berggruen, fondé par le milliardaire germano-américain Nicolas Berggruen, alors qu'elle était députée européenne. L'Olaf a confirmé à l'AFP enquêter sur "d'éventuelles irrégularités concernant les activités que Mme Goulard a menées pour l'Institut Berggruen alors qu'elle était députée européenne".