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Deux mois après les violences urbaines qui ont secoué la France, l'heure est au bilan. Le gouvernement a indiqué vouloir "réfléchir" aux causes qui ont mené aux émeutes. Une démarche très insuffisante et une "manière de mettre la poussière sous le tapis" pour l'avocat Thibault de Montbrial, invité de la Grande interview d'Europe 1-CNews ce vendredi matin.
INTERVIEW

Des centaines de commerces dégradés, 2.000 personnes jugées, une facture à 650 millions d'euros pour les assureurs… Plus de deux mois après les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel, à la suite d'un refus d'obtempérer, le bilan est amer. Pour autant, les mesures prises par le gouvernement sont-elles suffisantes pour réparer les dégâts et éviter le retour de ce degré de violences ? "Non", répond l'avocat Thibault de Montbrial, président du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure et invité de la Grande interview d'Europe 1-CNews ce vendredi matin.

"Poussière sous le tapis"

"Ce qui m'inquiète, c'est d'avoir entendu dans les semaines qui ont suivi, le président de la République et Élisabeth Borne dirent qu'il va falloir réfléchir et se demander pourquoi on en est arrivé là alors que cela fait quinze ou vingt ans que tous les spécialistes de la sécurité attirent l'attention sur le risque récurrent d'une explosion de violence de cette nature, des violences urbaines en France", reproche-t-il. Pour l'avocat, les constats ne sont pas à faire mais sont déjà faits, et il demande désormais des actions concrètes.

"Ils vont encore mettre en place je ne sais quelle commission de réflexion et c'est une manière de mettre la poussière sous le tapis", poursuit-il, précisant qu'il est "certain" que des émeutes pourraient se reproduire à l'avenir. "Le ministère de l'Intérieur a très bien réagi. Par contre, si ça avait duré quelques jours de plus alors que pendant cinq nuits, on a eu plus de 45.000 fonctionnaires déployés sur le terrain - avec l'usure humaine qui en résulte, alors que les stocks de munitions d'armes intermédiaires ont été considérablement entamés et que des armes de guerre auraient pu être utilisées par les voyous contre la police - là c'est sûr qu'on aurait changé de physionomie et évidemment il y a toujours le risque que ça arrive", conclut-il.

Dans une circulaire adressée aux parquets le 30 juin, Éric Dupond-Moretti promettait d'apporter une réponse pénale "rapide, ferme et systématique" à l'encontre des auteurs de violences urbaines. Selon le ministère de l'Intérieur, près de 4.000 personnes ont été interpellées à l'issue des huit nuits d'émeutes.