Elections territoriales en Corse : l'irrésistible ascension du tandem nationaliste

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Frédéric Michel, édité par A.H. , modifié à
Depuis 2015, tout sourit aux nationalistes corses. À deux jours du second tour des élections territoriales, où ils ont largement devancé la concurrence, coup de projecteur sur le tandem Simeoni-Talamoni.
L'ENQUÊTE DU 8H

Les Corses votent dimanche pour élire leurs représentants dans la nouvelle collectivité territoriale. Avec plus de 45% des voix au premier tour, les nationalistes n'ont laissé que des miettes à leurs adversaires. Ils seront opposés à deux listes de droite et celle de la majorité présidentielle.

Deux courants différents. En l'espace de deux années, les nationalistes ont réalisé une percée historique. En juin, trois députés sont entrés à l'Assemblée nationale. Du jamais vu ! Dimanche dernier, c'est un véritable raz-de-marée qu'a réalisé le tandem Simeoni-Talamoni, qui est parvenu à séduire au-delà de l'électorat nationaliste. Tous les deux sont avocats de métier. Ils représentent toutefois des courants différents. Gilles Simeoni est autonomiste, Jean-Guy Talamoni est indépendantiste. Mais pour conquérir le pouvoir, ils ont chacun eu besoin l'un de l'autre. 

Une alliance qui sert surtout Talamoni. "Monsieur Talamoni a plus besoin de Gilles Simeoni que l'inverse. Au premier tour en 2015, il avait réalisé moins de 8% des suffrages, alors que Monsieur Simeoni était à plus de 18%", rappelle au micro d'Europe 1 André Fazi, maître de conférences en science politique à l'université de Corte. "Gilles Simeoni est plus rassurant par son caractère autonomiste. Il a évidemment un potentiel d'alliance plus large. Si demain il n'avait plus d'alliance avec les indépendantistes, il pourrait probablement en chercher une autre", avance le chercheur. Une scission n'est toutefois pas d'actualité. D'autant qu'avec les scores réalisés, les nationalistes ont l'obligation de réussir pour éviter d'être eux aussi balayés et d'affaiblir leur mouvement…

De grands chantiers à mettre en oeuvre. D'ici trois ans, les nationalistes veulent obtenir un statut d'autonomie élargie et des réponses concrètes du gouvernement, sur la langue ou le rapprochement des prisonniers notamment. Mais une autre mission de taille les attend : construire cette nouvelle collectivité. Leurs opposants leur reprochent d’'ailleurs d'être à la tête d'un bateau sans cap, de promettre un statut d'autonomie et de vouloir mener l'île vers l'indépendance, alors que le défi qui se pose est la création de cette collectivité unique. 

Les militants prêts à patienter. Les chantiers sont nombreux, et difficiles à mettre en oeuvre techniquement et juridiquement. Mais les militants nationalistes ne doutent pas de leurs candidats. "Vous savez combien de temps ça a pris pour en arriver là ? Laissons le temps au temps. L'important, c'est qu'un jour, ça change", estime une militante. "Tout le monde n'a pas le même avis. Mais la différence avec avant, c'est qu'au préalable, on prend l'avis de tout le monde", assure un autre.

Les nationalistes comptent sur une large victoire pour être en position de force, et ainsi imposer leur tempo à l'Etat, qui reste pour l'instant très discret sur le dossier corse.

Liste et candidats

Gilles Simeoni (Pè a Corsica) : 45,26 % au premier tour

Jean-Martin Mondoloni (La voie de l'avenir - droite régionaliste) : 14,97 %

Valerie Bozzi (Voir plus grand - LR) : 12,77 %

Jean-Charles Orsucci Anda (Per Dumane - LREM en marche) : 11,26 %