EDITO - Réforme des retraites : "un round décisif pour Edouard Philippe"

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Michaël Darmon
Féru de boxe, Edouard Philippe sait qu’il entame une partie décisive de son combat pour la réforme des retraites vendredi en recevant les syndicats vendredi à Matignon, avec au cœur des discussions, encore et toujours, le fameux âge pivot. Selon notre éditorialiste Michaël Damron, il pourrait y a voir un avant et un après-réforme des retraites pour le Premier ministre.

>> Vendredi, les syndicats et le gouvernement se retrouvent à Matignon pour discuter du texte de la réforme des retraites. Et le Premier ministre se retrouve sous une double pression : celle du président de la République, qui lui a demandé de gouverner et de trouver un compromis rapide, et celle de la CFDT qui exige de retirer ce fameux âge pivot qui allonge la durée du temps de travail. C’est donc une journée décisive pour Edouard Philippe, analyse notre éditorialiste Michaël Darmon.

"Vole comme le papillon, pique comme l’abeille, et vas-y cogne mon gars." En assistant il y a quelques semaines à une soirée de boxe à Bercy, Édouard Philippe, qui aime ce sport, a pu repenser à cette maxime du champion Mohamed Ali. Et la question se pose : comment va se terminer le combat des retraites que mène Édouard Philippe ? Par une victoire aux points, ou par KO ?

Et aujourd’hui le round s’annonce décisif. Car la notion d’âge pivot, qui a mis en colère Laurent Berger, pourrait bien figurer tout de même dans le projet de loi, tant que les partenaires sociaux n’auront pas trouvé une meilleure solution pour ramener le système de retraites à l’équilibre. Rien de nouveau depuis le discours du Premier ministre du 11 décembre, en fait. Jeudi pourtant, Gérald Darmanin donnait le ton de la nuance. Le gouvernement maintient qu’il trouve cette notion d’âge pivot très juste, tout en a affirmant qu’un compromis est souhaitable et possible.

Un tournant dans les relations entre Macron et Philippe ?

Bref, pour le jeu de jambes, du chef de gouvernement reste alerte. L’objectif est clair : fatiguer l’adversaire. Car le public, c’est-à-dire les Français, commence à se lasser du match. Et les Franciliens patients et valeureux aimeraient bien souffler en allant travailler normalement.

 

Édouard Philippe refuse donc d’avaler son chapeau en maintenant l’âge pivot. Mais cet épisode des retraites pourrait constituer un tournant dans les relations entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe. Tout d’abord, il faut avoir à l’esprit qu’Emmanuel Macron s’est converti à l’idée d’une mesure d’âge dans une réforme du système des retraites qui ne l’intégrait pas au départ, il est vrai. D’où la surprise de la CFDT qui ne s’attendait pas à être énervée par une réforme de gauche. Édouard Philippe a donc pour consigne de trouver une voie de sortie dans ce conflit.

Il acceptera la décision de l’arbitre Macron, qu’il défendra

Le supposé vieux monde à de beaux restes. On est là dans le plus classique des fonctionnements de la Vème République. Le président décide et le Premier ministre exécute, sinon il est exécuté. Ce qui se joue dans cette affaire, c’est la capacité de l’exécutif à réformer ce pays qui aime les révolutions mais pas les changements ; la capacité aussi de continuer à séduire l’électorat de droite au grand dam de la partie gauche de la "Macronie" transformée en chœur des pleureuses au fur et à mesure que le président construit sa prochaine candidature en soignant sa droite.

C’est dire si Édouard Phillipe, Premier ministre et fondé de pouvoir du président directeur général de la République Emmanuel Macron, a intérêt à rester à son poste même si ses amis lui murmurent parfois qu’il est temps de changer de catégorie. Mais lui ne veut pas changer de méthode : il défendra jusqu’au bout l’âge pivot. Puis il acceptera la décision de l’arbitre, qu’il défendra. Il est ainsi, Édouard Philippe. Il a beau aimer la boxe, il n’est pas pour autant décidé à monter sur le ring.