EDITO - Intrusion à la Pitié-Salpêtrière : "Christophe Castaner a dit quelque chose qui n’était pas juste. La question est de savoir pourquoi"

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Jean-Michel Aphatie , modifié à
Dès mercredi soir, Christophe Castaner a qualifié d'"attaque" l'intrusion de plusieurs "gilets jaunes" dans l'enceinte de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Une version depuis contredite, qui amène Jean-Michel Aphatie à s'interroger sur les motivations du ministre de l'intérieur. 

C'est l'événement marquant de la journée de mobilisation des "gilets jaunes" du mercredi 1er mai. Plusieurs manifestants ont réussi à forcer l'une des grilles de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Le personnel soignant les a toutefois empêché de pénétrer à l'intérieur des bâtiments. Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, a réagi dès mercredi soir expliquant qu'il s'agissait d'une "attaque". Selon différents témoignages et vidéos, il semblerait en réalité que ces manifestants fuyaient la police et les gaz lacrymogènes, sans avoir l'intention de nuire.

"Christophe Castaner doit-il abandonner son poste de ministre de l’Intérieur pour avoir dit que des 'gilets jaunes' ont attaqué l’hôpital ? Ce qu’il a dit dès mercredi soir choque car, attaquer un hôpital, c’est barbare, c’est sauvage, c’est inadmissible.

La journée de jeudi a conduit tout le monde à modérer un petit peu cette version. Selon les témoignages de ceux qui ont participé à cette scène et des soignants, qui ont empêché qu’ils entrent dans le service de réanimation, selon des vidéos, il semble qu’il ne s’agisse pas du tout d’une attaque mais de manifestants qui ont cherché à fuir les policiers et les gaz lacrymogènes. D’ailleurs, les 32 personnes gardées à vue mercredi soir ont été libérées jeudi sans qu’aucune charge ne soit retenue contre elles.

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"Trois hypothèses" pour expliquer les propos de Christophe Castaner

Le fait est que Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, a dit quelque chose qui n’était pas juste. La question est donc de savoir pourquoi il l’a dit. Il y a trois hypothèses :

-Soit Christophe Castaner a parlé sans savoir mercredi soir. Il a parlé trop vite, il a cédé à ses émotions et ce n’est pas bien de voir un ministre de l’Intérieur céder à ses émotions. C’est une faute professionnelle qui mérite un blâme.

-Soit Christophe Castaner ne savait pas grand-chose mais il a flairé le coup politique, la possibilité de discréditer les gilets jaunes et donc de manipuler l’opinion publique. Ça, ce n’est pas bien monsieur Castaner et ça mérite un carton jaune. Il reste sur le terrain mais il y a quand même une petite menace pour le futur.

-Soit Christophe Castaner savait mais il s’est dit que l’opinion publique ne saura pas donc 'je peux faire un mensonge'. Là, monsieur Castaner, si c’est ça, c’est carton rouge, donc expulsion du terrain.

Laquelle de ces trois hypothèses faut-il privilégier ? On ne sait pas exactement. Je ne dirais pas que la police enquête parce qu’à mon avis, la police n’enquête pas. Mais il faut noter que depuis cette prise de parole, Christophe Castaner est muet. Alors, Monsieur Castaner, on vous invite à participer à l’enquête et à nous dire de ces trois hypothèses, laquelle est la bonne. Pour que l’on sache quelle sanction vous méritez, monsieur le ministre de l’Intérieur."