ÉDITO - Démission de Barbarin, "le signe que l'Eglise est en train de se moderniser", estime Jean-Michel Aphatie
Au micro de la matinale de Pierre de Vilno, notre éditorialiste Jean-Michel Aphatie estime vendredi que la démission du cardinal Barbarin, si elle est acceptée par le pape, peut être un signe que l'Eglise se modernise.
"C'est une situation contradictoire. Condamné jeudi par le tribunal de Lyon à six mois de prison avec sursis sursis pour ne pas avoir dénoncé les agressions pédophiles d'un prêtre de son diocèse , le cardinal Barbarin a annoncé faire appel de sa condamnation tout en annonçant donner sa démission. Démission que le pape doit approuver pour qu'elle prenne effet.
"Une part d’humanité dans ce geste". "Par optimisme ce matin, on va retenir la bonne part du geste du cardinal Barbarin. Parce qu'en annonçant de manière surprenante sa démission, il reconnait la souffrance des victimes. Une souffrance que l'Église a niée très longtemps, et le cardinal Barbarin en particulier. Il y a donc une part d'humanité dans ce geste, et c'est ce qu'il faut retenir, à condition tout de même qu'il n'y ait pas une entourloupe derrière. Parce que le cardinal a dit qu'il allait voir le Saint-Père dans les jours qui viennent pour lui proposer sa démission. Le pape François peut refuser sa démission mais s'il le fait ça ne sera pas à la hauteur de la situation.
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L'Eglise est-elle en voie de modernisation ? Si le cardinal démissionne, c'est que la loi des hommes est supérieure à la loi de l'Eglise, c'est assez exceptionnel. Et soyons encore optimistes : peut-être faut-il voir dans ce signe là quelque chose qui pourrait nous dire que l'Eglise est en train de se moderniser, d'évoluer. Et elle en a besoin : depuis l'après-guerre, l'Eglise s'est coupée d'une large partie de la population occidentale, dont elle prétendait diriger les âmes, parce qu'elle a mal compris et refusé l'individualisation de la société. Elle est arc-boutée sur une vision traditionnelle de la famille.
Une demande de spiritualité. Elle a refusé l'idée du divorce, que les femmes pouvaient donner la vie quand elles le voulaient, elle a refusé que chacun puisse vivre sa vie selon sa sexualité, c'est une erreur grossière, colossale, et stratégiquement accablante pour l'Eglise qui a beaucoup perdu de son influence. Parce qu'en 2019, on peut dire comme une banalité que l'on peut être divorcé et croyant, que l'on peut être homosexuel et croyant et que l'on peut être une femme qui a subi un IVG et être croyante. Il y a un intérêt - au-delà même de l'Eglise pour toute la société - à ce que l'Eglise se modernise et comprenne mieux les populations occidentales, parce qu'il y a aujourd'hui en Occident, comme ailleurs, une demande de spiritualité : le matérialisme et le consumérisme ne sont pas des bornes pour beaucoup de gens. Et cette demande de spiritualité, d'autres religions peuvent l'offrir.
Si l'Eglise catholique n'est pas là pour aider ces gens-là, et bien c'est une déficience pour l'ensemble de la société. Alors par vision optimiste ce matin, donnons à la décision du cardinal une dimension supplémentaire, l'Eglise est peut-être en train d'ouvrir les yeux sur le monde qui l'environne, il faut le souhaiter pour l'Eglise et pour nous. Et pour cela, il faut que la démission du cardinal la semaine prochaine soit effective et réelle."