Jean-Luc Mélenchon a été condamné à trois mois de prison avec sursis 2:45
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Nicolas Beytout
Suite aux perquisitions houleuses à son domicile et au siège de son parti, Jean-Luc Mélenchon a été condamné lundi à trois mois de prison avec sursis et 8.000 euros d'amende. D'après Nicolas Beytout, le chef de LFI transforme ce procès en affaire politique, se posant en "victime parmi les victimes". 

>> Jean-Luc Mélenchon a été condamné lundi à trois mois de prison avec sursis et 8.000 euros d’amende pour "acte d’intimidation, rébellion et provocation envers un magistrat". Ce sont les suites judiciaires des perquisitions houleuses qui s’était déroulée en octobre 2018 à son domicile et au siège de La France insoumise.

"Chacun se souvient de cette scène presque gênante dans laquelle Jean-Luc Mélenchon hurle que sa personne est sacrée, que la République, c’est lui… Comme il fallait s’y attendre, la justice s’en est mêlée, et comme il fallait s’y attendre, Jean-Luc Mélenchon a immédiatement dénoncé "un procès politique" et "une comédie judiciaire pour le flétrir". Ce qu’il y a de bien, avec le leader de La France insoumise, c’est qu’il ne recule jamais devant une occasion de faire de l’emphase. Il dénonce donc pêle-mêle "l’instrumentalisation judiciaire" par un pouvoir aux ordres de Macron, il affirme que, s’il a été condamné, c’est parce que 'les magistrats sont menacés par les policiers, et qu’ils ont peur'.

Autoproclamé 'rebelle officiel'

Le voilà donc auto-proclamé 'rebelle officiel', même si ces deux termes sont parfaitement contradictoires (on appelle ça un oxymore, dans cette langue française que Jean-Luc Mélenchon apprécie tant). Le voilà victime parmi les victimes du pouvoir, poursuivi par des 'tribunaux qui jugent avec une férocité de classe', et qui le condamnent, lui, comme ils punissent les Gilets jaunes, les petites gens. Eh oui, parce qu’avec Jean-Luc Mélenchon, la politique n’est jamais loin. Il était au centre d’un fait divers, il le transforme en affaire politique.

Apparentement 

D’autres hommes politiques qui ont eu maille à partir avec la justice ont immédiatement embrayé. Et parmi eux, Nicolas Bay, le numéro 3 du Rassemblement national qui a réclamé la relaxe de Jean-Luc Mélenchon. Drôle d’apparentement, tout de même, que cette convergence d’intérêt entre la droite de la droite et la gauche de la gauche. C’est d’ailleurs la deuxième fois que ça arrive en quelques jours : jeudi dernier, Jean-Luc Mélenchon applaudissait Marine Le Pen pour son soutien aux manifestants et la félicitait de ses 'progrès en direction de l’humanisme'. Assez inattendu, tout de même…

Officiellement, à la France Insoumise, pas une tête ne dépasse, mais le trouble commence à se faire sentir. Parce que, au-delà des emportements du chef dont, finalement, on pourrait sourire, se pose en réalité une question de fond : est-ce que, lorsqu’on insulte les policiers, lorsqu’on méprise les magistrats, lorsqu’on piétine avec autant d’allégresse certains fondements de la République et de notre démocratie, est-ce qu’on peut encore avoir une chance de séduire des électeurs en grand nombre ? Est-ce que Jean-Luc Mélenchon, dans sa fuite rebelle, n’est pas en train de refermer ce moment où tous, autour de lui, ont pensé qu’ils pourraient un jour arriver au pouvoir ?"