Détenus radicalisés : "Il y a encore des failles", admet Nicole Belloubet

Pour Nicole Belloubet, le problème de la radicalisation en prison n'a pas été "sous-estimé", il est pris "à bras le corps".
Pour Nicole Belloubet, le problème de la radicalisation en prison n'a pas été "sous-estimé", il est pris "à bras le corps". © Mehdi FEDOUACH / POOL / AFP
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avec AFP
Au lendemain de l'agression de deux surveillants dans la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe, la garde des Sceaux a reconnu mercredi qu'il y avait "encore des failles" dans la gestion des détenus radicalisés.

La garde des Sceaux Nicole Belloubet a reconnu mercredi qu'il y avait "encore des failles" dans la gestion des détenus radicalisés, au lendemain de l'agression de deux surveillants dans la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe, près d'Alençon. "Manifestement il y a encore des failles et je suis là pour y remédier", a déclaré la ministre sur RMC. 

Une inspection demandée dès mardi. Mardi, Michaël Chiolo, un détenu de droit commun de 27 ans, a grièvement blessé deux surveillants avec un couteau en céramique, avant de se retrancher pendant près de dix heures dans l'unité vie familiale de la prison avec sa compagne, qui a été tuée dans l'assaut policier. Nicole Belloubet a demandé dès mardi une "inspection" pour "faire la lumière" sur l'agression, qualifiée de "lâche attaque terroriste". 

"Si j'ai demandé une inspection, c'est précisément pour voir à chaque moment où sont les failles de notre système et prendre les mesures qui s'imposent. Il ne me semble pas pensable que l'on puisse entrer en détention avec des objets qui ne puissent pas être détectés", a expliqué la garde des Sceaux. "On peut parfaitement exiger qu'il y ait une fouille et que si la personne s'y refuse, elle ne rentre pas en prison. Il faut expertiser ce problème-là", a-t-elle ajouté. 

Le problème de la radicalisation en prison n'a pas été "sous-estimé". Pour Nicole Belloubet, le problème de la radicalisation en prison n'a pas été "sous-estimé", il est pris "à bras le corps". Sur plus de 70.000 détenus en France, quelque 500 personnes sont incarcérées pour des faits de terrorisme et 1.200 prisonniers de droit commun ont été identifiés comme "radicalisés", qui ont tous vocation à passer par des quartiers d'évaluation de la radicalisation (QER), a rappelé la ministre de la Justice.

"Nous avons commencé l'année dernière, nous sommes en quelque sorte dans une période intermédiaire et l'ensemble de 1.200 détenus radicalisés vont faire l'objet d'une évaluation et d'un placement adapté", a souligné Nicole Belloubet. "Je ne peux pas laisser dire qu'il n'y a pas de sécurité dans les prisons. A Vendin-le-Vieil, il y a une vraie sécurité, à Condé, il y a une vraie sécurité. S'il y a des choses à améliorer, nous allons les améliorer et les prendre en charge", a assuré la ministre.

Dati réclame une "politique pénale sur la radicalisation en prison"

L'ancienne garde des Sceaux Rachida Dati a réclamé mercredi une "politique pénale sur la radicalisation en prison". "Il faut arrêter d'être angélique sur ces sujets, il faut une politique pénale sur la radicalisation et notamment la radicalisation en prison", a plaidé l'eurodéputée LR mercredi, en demandant "des prises en charge claires pour les détenus radicalisés", a-t-elle insisté en soulignant avoir mis en place "la rétention de sûreté, qui m'a été contestée, que la gauche voulait supprimer". 

"Ces détenus radicalisés, si nous les remettons en liberté demain, et c'est la situation pour la plupart d'entre eux, ce sont des bombes à retardement", s'est inquiétée la maire du VIIe arrondissement de Paris. "Il faudrait revoir les règles de fouilles pour les détenus mais aussi pour les personnes qui accompagnent", a-t-elle aussi plaidé.