"Ces femmes sont judiciarisées en France, elles font toutes l'objet d'un mandat d'arrêt international", souligne Marie Dosé (photo d'illustration). 0:55
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Me Marie Dosé, avocate de familles de djihadistes français retenus dans des camps kurdes, explique sur Europe 1 la décision de ses clients d'attaquer le ministre des Affaires étrangères devant la Cour de justice de la République (CJR). 
INTERVIEW

"La décision de ne pas rapatrier ces enfants est constitutive d'une infraction pénale, d'une omission de porter secours", estime Marie Dosé. Au côté d'Henri Leclerc et de Gérard Tcholakian, l'avocate représente une dizaine de familles de femmes et d'enfants de djihadistes français qui ont annoncé lundi avoir porté plainte contre le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. "C'est une infraction prévue par l'article 223-6 du Code pénal", justifie-t-elle sur Europe 1. 

"Un enfant français est décédé la semaine dernière"

Pourquoi cette plainte intervient-elle aujourd'hui ? "Parce que, peut-être naïvement, j'ai cru cet été, alors même que le ministre des Affaires étrangères était informé de la situation dramatique dans laquelle se trouvaient ces enfants et ces femmes, des rapatriements seraient organisés", répond Marie Dosé. "Je constate qu'il n'en est rien... Cinquante degrés sous les tentes, un enfant français est décédé la semaine dernière, il avait 12 ans. Cet enfant s'appelait Sofiane."

"À ce stade, c'est une omission de porter secours que de laisser ces enfants exposés à un risque de mort", appuie l'avocate. "La responsabilité d'un ministre du gouvernement, qui connaît de tels actes dans le cadre de ses fonctions, doit être pénalement réprimée."

"Que leurs enfants soient placés par l'aide sociale à l'enfance"

Quant à la responsabilité des femmes ayant pris la décision de quitter la France pour rejoindre le territoire de l'Etat islamique, Marie Dosé souligne que toutes "font l'objet d'un mandat d'arrêt international". "Si la réponse de la France, aujourd'hui, c'est de laisser mourir des femmes françaises, alors qu'elles sont judiciarisées en France, et de faire payer leurs enfants, alors qu'ils sont innocents, par la faute de leur mère, je ne comprends plus très bien la définition de la démocratie."

"Ce qui est établi c'est que depuis des mois, et parfois depuis des années, ces femmes sont en détention arbitraire entre les mains de Kurdes, au Kurdistan syrien", conclut l'avocate. "Elles ne sont judiciarisées nulle part, ni en Syrie, ni ailleurs, sauf en France. Ce que demandent ces femmes c'est d'aller en prison en France, de payer pour ce qu'elles ont fait et surtout que leurs enfants (...) soient placés par l'aide sociale à l'enfance."

La commission des requêtes de la Cour doit désormais se prononcer sur la recevabilité des plaintes. Au début de l'année, les autorités françaises avaient préparé un plan de rapatriement global des djihadistes et de leurs familles, qui n'a toutefois jamais été mis en oeuvre.