Julien Denormandie, le ministre de l'Agriculture, était samedi l'invité politique d'Europe Matin. 1:56
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Romain David , modifié à
Invité samedi d'Europe 1, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a estimé que la bataille pour revaloriser la rémunération des agriculteurs se menait auprès des industriels et de la grande distribution, mais aussi auprès des consommateurs qui doivent accepter de payer les produits qu'ils achètent à leur juste valeur.
INTERVIEW

Le Salon de l’Agriculture n’ouvrira pas ses portes cette année. Incontournable rendez-vous du monde rural depuis 1964, le salon, qui se tient traditionnellement à la fin du mois de février ou au début du mois de mars, est annulé en raison de l’épidémie de Covid-19. À la place, les principaux acteurs du secteur agricole appellent à une mobilisation le 4 mars à Paris, notamment pour alerter sur la grande précarité du monde paysan. Invité samedi d’Europe matin, Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture et de l'Alimentation, a reconnu que la question de la rémunération des agriculteurs restait un combat à mener face aux industriels et à la grande distribution. Mais également auprès des consommateurs qui, selon lui, doivent "accepter de payer les produits agricoles à leur juste valeur."

"Il y a des énormes défis face à nous dans le monde agricole. Il y a notamment un défi majeur qui est la rémunération de nos agriculteurs", explique Julien Denormandie. "Au moment où je vous parle, on est en train de finaliser ce que l'on appelle les négociations commerciales, c'est-à-dire le moment où les agriculteurs vendent leurs produits aux industriels et à la grande consommation, aux grandes surfaces", rappelle-t-il.

Multiplication des contrôles

"Certains acteurs, qu'ils soient industriels ou grands distributeurs, ne respectent pas la loi", poursuit le ministre. "Et dans une République, il faut respecter la loi. Je mets beaucoup de pression pour faire respecter cette loi. De manière très concrète, c’est une démultiplication des contrôles par la direction de la répression des fraudes (DGCCRF, ndlr). Songez qu'en six semaines, on a fait l'équivalent de six mois de contrôles", annonce-t-il. "Les négociations commerciales, c'est un rapport de force et le gouvernement rentre dans ce rapport de force en multipliant les contrôles."

Le coût de la qualité

Julien Denormandie estime également que les consommateurs doivent accepter de débourser plus pour des produits issus d’une agriculture qui, ces dernières années, s’est largement engagée sur la voie de la transition écologique. "Que chacun d'entre nous, dans son acte de consommation, qui est un acte citoyen, considère la qualité des produits agricoles français et accepte de les payer à leur juste valeur", enjoint-il.

"On a besoin d'agriculteurs et les agriculteurs sont des pères, des mères de famille qui ont besoin de faire vivre leur foyer. Donc, il faut qu'ils soient justement rémunérés", pointe encore Julien Denormandie. "L'engagement du monde agricole aujourd'hui, et depuis maintenant de nombreuses années, c’est d’apporter toujours plus de qualité. Mais cette qualité, il faut qu'elle soit justement rémunérée", conclut le ministre de l’Agriculture.