David Lisnard 3:02
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Manon Fossat , modifié à
Alors que la Guadeloupe est secouée par une crise sociale et sanitaire depuis plusieurs jours maintenant, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a indiqué vendredi que le gouvernement était "prêt" à parler de "l'autonomie" de l'île. Invité de Sonia Mabrouk sur Europe Matin mercredi, le maire LR de Cannes, David Lisnard, a dénoncé le "cynisme" de cette situation.

Vendredi, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a indiqué que le gouvernement était "prêt" à parler de "l'autonomie" de la Guadeloupe, frappée par une intense crise sociale et alors que des milliers de personnes défilent dans les rues pour protester entre autres contre l'obligation vaccinale des soignants. Invité sur Europe Matin mercredi, David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l’Association des maires de France (AMF) depuis la mi-novembre, a dénoncé "le cynisme" de cette situation et plus largement les "carences de l'Etat régalien".

"Renvoyer la responsabilité sur les élus locaux"

"Lancer un débat sur l'autonomie d'un département d'Outre-mer au moment où il est en feu est d'un cynisme", a-t-il lancé. "Ces débats là doivent être regardés de façon sérieuse dans le cadre d'une vision du pays, pour qu'il soit soudé mais dynamique localement. Cette façon de renvoyer la responsabilité d'une situation vers des élus locaux est cynique alors que ce qui est en carence une fois de plus, c'est l'Etat régalien", a poursuivi l'édile avant de défendre la décentralisation et de pointer du doigt les lacunes de l'exécutif.

"Il y a des efforts qui sont faits actuellement par l'exécutif pour se connecter au territoire, à la terre, au terroir, au pays. Mais on voit que les lois sont souvent des lois d'émotion, d'intention", a jugé David Lisnard avant de prendre l'exemple de l'artificialisation des sols. "C'est positif mais ça se traduit dans une loi avec des schémas directeurs qui s'imposent aux communes rurales de façon extrêmement brutale et qui vont bloquer des projets de développement sans rien régler sur le plan environnemental", a-t-il expliqué.

"Des erreurs majeures" depuis les grandes lois de décentralisation

Le maire de Cannes a également dénoncé cette "façon obsolète" de faire de la politique. "On fait de grandes annonces qui se traduisent toujours par des lois alors que la politique c'est aussi l'art de l'exécution, de l'évaluation, mais aussi de la délibération", a-t-il assuré. "Depuis les grandes lois de décentralisation Defferre de 82 et 83 et ensuite les lois Raffarin, il y a eu des erreurs majeures comme le fait de régionaliser les services de l'Etat, qui n'ont ni la verticalité du national ni la proximité du local et aujourd'hui on est un certain nombre à apporter des solutions très précises pour retrouver le principe de subsidiarité et pour dire que la vraie révolution est là."

 

Selon lui, l'individu doit en effet "s'aguerrir". "On doit d'abord régler nos problèmes et si on ne peut pas les régler nous-même, on les règle avec la communauté de proximité. Et ensuite on remonte vers l'Etat", a affirmé David Lisnard. "Un Etat fort, recentré sur le régalien, sur l'équité, et non pas qui s'occupe de vous autoriser à mettre un panneau solaire sur un local poubelles ou d'un écrit ministériel pour faire un skate-park. Parce que c'est ça aujourd'hui le pays".